Musée du Chateau d'Argent

Lundi 4 décembre 2O17

 

CHATEAU D’ARGENT

 
Conférences 2O17 – 2O18, par Danielle VINCENT.
 
«  Octobre 1917 - Octobre 2O17 :
 
LA REVOLUTION RUSSE ET LE « LIVRE NOIR DU COMMUNISME’  »
 
Conférences - Entretiens – Débats
 
Au Château d’Argent, le premier lundi du mois .
 
A partir du lundi 4 décembre 2O17, à 14 heures.
 
Musée Château d'Argent
Ariel et Danielle Vincent

215, rue Clemenceau, Villa ALICE

68160 Sainte Marie aux Mines 

Alsace - FRANCE

 

Tel. 06 47 14 67 88

     03 89 58 78 18

 

Visite guidée tous les jours

14h à 16h

 
 Lundi 4 décembre 2O17 - 14 heures -  entrée libre
 
 
Introduction 
 
« L’Europe, de l’Atlantique à l’Oural » (Charles de Gaulle).
 
Aussi longtemps que l’Europe ne sera pas ouverte sur la Russie, l’essentiel lui échappera.
 
L’essentiel de la pensée et de l’histoire, comme nous allons le comprendre en étudiant cette fresque épique qu’a été la fin de la dynastie des Romanov , l’industrialisation d’un immense pays, les revers de la première guerre mondiale, la montée des révolutions sous le règne de Nicolas II, et avant tout cela, la naissance, l’essor et l’impact d’une pensée. 
 
Première partie : Les antécédents et les causes. 
 
On a pu dire que la cause essentielle de la révolution russe a été la crise économique de la Russie sous le règne du tsar Nicolas II. Ou encore le conservatisme obstiné de ce dernier. Ou encore les batailles et les terres perdues pendant la guerre contre le Japon, en 19O5, et contre l’Allemagne de 1914 à 1917.
 
Mais ces facteurs ont été des déclencheurs, plutôt que des causes réelles.
 
Les racines profondes de la Révolution de 1917 ont été avant tout idéologiques. Comme pour la Révolution française, c’est une pensée nouvelle qui a provoqué le bouleversement de la société. Tous les révolutionnaires français se sont réclamés de Jean-Jacques Rousseau. Tous les révolutionnaires russes de Karl Marx (1818-1883).
 
Lénine, à l’âge de vingt-trois ans, adhère aux cercles marxistes. En 1894, dans sa brochure : « Ce que sont les amis du peuple », il se fixe le but d’unifier les marxistes et de diffuser leur doctrine .
 
Un célèbre écrivain, Alexei Maximovitch Pechkov, dit Gorki, né en 1868, met en scène, dans ses romans, la révolte contre la société de personnages épris de liberté : « Le Ménage Orlov » (1897) ; « Les Vagabonds » (1898) ; « Les Bas-Fonds » (19O2) ; « Les Petits Bourgeois » (19O2) ; « La Mère » (19O7).
 
Léon Tolstoï (1828-191O), dont la référence à Marx, par contre, n’est pas du tout évidente, manifeste dans sa vie et ses œuvres son attachement à Rousseau : l’idéal d’une vie simple, la pureté des mœurs, la sympathie pour les pauvres gens, idéaux qu’il trouve dans le Christianisme, différemment de Marx.
 
Pour comprendre l’immense phénomène de la révolution de 1917, si mal connue en Occident, volontiers occultée dans l’enseignement capitaliste, c’est à Karl Marx qu’il faut donc remonter.
 
Alors que pour Friedrich Hegel (177O-1831), l’objet de la philosophie était la conscience humaine, appelée aussi la « vie de l’esprit », pour Marx la philosophie doit se préoccuper de la condition terrestre, de la vie matérielle et économique du peuple. Marx trouve chez Hegel cependant la trame de sa pensée, à savoir que tout, dans l’histoire, est sujet au changement. Ce changement n’est pas anarchique, mais est une évolution qui suit toujours le même processus : un phénomène donné va tôt ou tard être mis en cause ; il en surgira un conflit qui à son tour se résoudra en une synthèse, un équilibre, destiné lui-aussi à être un jour bouleversé. C’est à cette condition dialectique que, pour Hegel, le savoir et la conscience humaine vont se perfectionner, et que, pour Marx l’existence matérielle des hommes peut évoluer vers le bien-être.
 
La dialectique ou le conflit nécessaire à cette évolution est, pour Marx, la lutte des classes. Le prolétariat doit s’attaquer à la bourgeoisie ; le capital partagé par tous, mettre en cause le capital confisqué par une seule classe ; la propriété privée, devenir propriété commune.. Chacun, et pas seulement quelques-uns, doit travailler au progrès économique . Cette lutte sera menée jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de différences de classes, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de classes du tout.
 
Le monde capitaliste, « bourgeois », se trouve encore dans la première phase, celle de la « thèse », et doit être pris à partie par le prolétariat. Ces deux entités contradictoires sont suscitées en permanence par l’existence de riches et de pauvres, et par l’asservissement des pauvres aux riches, qui les exploitent à leur profit, dans les campagnes, les usines et les châteaux, comme serfs, ouvriers et domestiques. C’est une lutte du pot de terre contre le pot de fer, du faible contre le fort . Mais le faible peut devenir fort en s’unissant à tout le peuple des faibles, et renverser le propriétaire du capital et du pouvoir. Le capital confisqué par une certaine classe sera conduit, par l’évolution de l’histoire, immanquablement vers une solution de synthèse, qui verra la classe ouvrière dirigeante, l’Etat et l’ensemble du peuple propriétaires de la terre et des richesses. Vu à la lumière de la psychanalyse, on pourrait trouver là le correspondant collectif au conflit oedipien de l’individu : il consisterait à convoiter le parent rival, à le tuer et à s’identifier à lui, pour pouvoir épouser l’autre. Tuer le propriétaire, le patron, pour devenir le chef prolétaire de l’Etat et du capital. Freud a-t-il fait ce rapprochement ?
Il serait intéressant de le rechercher, car alors l’histoire des peuples serait motivée par les instincts individuels, simplement – et inconsciemment – projetés sur la collectivité.
 
Philosophie dialectique et matérialiste de l’histoire, la pensée de Marx n’exclut cependant pas le progrès de l’esprit humain. Marx rejoint Hegel en ce sens que la lutte des classes doit conduire aussi à un partage universel du savoir, une appropriation par tous du patrimoine intellectuel et scientifique de l’humanité. Peu d’Etats ont donné aux sciences de l’esprit autant d’impulsion que la Russie soviétique, avec ses groupes de recherche, ses laboratoires et ses conservatoires, ses théâtres et ses universités. En même temps que l’effort économique, une importance capitale a été donnée à l’instruction et à la culture : gratuité des études de la primaire à la fac, tous frais à la charge de la collectivité ; encouragement des capacités individuelles ; possibilité donnée aux ouvriers de poursuivre des études et des formations continues.
 
La « Phénoménologie de l’esprit » a été écrite par Hegel , alors maître de conférences à l’université d’Iéna, en 18O6. Le « Manifeste communiste » a paru en 1847. Marx avait déjà , entre-temps, travaillé sur la pensée de Hegel dans un article intitulé : « Contribution à la philosophie du droit de Hegel » (1844), en référence à l’ouvrage sur la « Philosophie du droit » (« Grundlinien der Philosophie des Rechtes ») de 1821. Hegel y insiste sur l’importance de la réalité concrète par rapport à l’abstraction ; par exemple la famille biologique, la société et l’Etat, pistes que développeront, dans les « Annales franco-allemandes », Marx et Engels, qui viennent de se rencontrer à Paris, en cette année 1844.
 
Friedrich Hegel et Karl Marx étaient tous deux Allemands. Le premier a assisté à la Révolution française, aux guerres napoléoniennes et à la restauration de la monarchie. Lorsqu’il meurt, en 1831, la Révolution de Juillet vient de destituer le roi Charles X (règne :1824-1830) et c’est Louis-Philippe ( roi de 183O à 1848) qui est au pouvoir.
En Russie, Nicolas Ier (tsar de 1825 à 1855) avait succédé à Alexandre Ier (tsar de 18O1 à 1825). Frédéric-Guillaume III (roi de 1797 à 184O) régnait en Prusse . François II était empereur d’Occident depuis 1792 et d’Autriche de 18O4 à 1835.
 
Marx était né à Trèves en 1818. Il est mort à Londres en 1883.
 
En 1847, un an avant la révolution qui allait susciter , en France, la seconde République, avait paru, en collaboration avec le révolutionnaire allemand Friedrich Engels (182O-1895), le « Manifeste du Parti communiste » Une société ouvrière secrète et internationale avait tenu un congrès à Londres en 1847 et demanda à Karl Marx d’en rédiger les conclusions. Le Manifeste communiste parut d’abord en allemand ; il fut traduit en français en 1848, et en anglais en 185O. La traduction russe, par Michel Bakounine, parut à Genève en 186O. Vera Zassoulitch en fit paraître une seconde, en 1882.
Le premier chapitre, « Bourgeois et Prolétaires » expose ce qu’est la lutte des classes : elle naît spontanément en même temps qu’apparaissent des sociétés inégalitaires, féodales ou capitalistes. Elle est un ferment obligé, qui doit peu à peu les détruire.
Le deuxième chapitre : « Prolétaires et Communistes » invite tous les prolétaires à rallier le Parti, afin de travailler à l’abolition de la propriété privée , de créer une propriété collective, de changer l’économie , la société et les mentalités.
Le chapitre trois : « Littérature socialiste et communiste », établit une distinction entre les socialismes ambiants et la doctrine communiste marxiste.
Le quatrième et dernier chapitre annonce déjà l’Internationale communiste, en ce sens qu’il appelle toute la classe ouvrière à se rallier au programme du parti.
L’ouvrage se termine par la phrase : « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! «
 
La première association générale des ouvriers de diverses nations, appelée « l’Internationale ouvrière », a été inspirée par Marx, qui en élabora les statuts à Genève en 1866 avec l’anarchiste russe Michel Bakounine (1814-1876), et Friedrich Engels. Ce dernier avait pris part au soulèvement du pays de Bade, en 1848, et dut alors s’exiler en Angleterre.
L’année d’après, en 1867, Marx développait dans « Le Capital » ses thèses sur le Collectivisme et la Lutte des classes.
 
Marx a connu, comme Hegel, la révolution de 183O. Mais aussi celle de 1848 et, contre l’avidité de la bourgeoisie d’alors, l’essor des idées socialistes en France, avec Saint-Simon (176O-1825) pour qui l’Etat doit fonctionner comme une vaste usine où il n’y a aucune différence de classes, où tous les acteurs sont égaux sauf par leurs capacités. Ses disciples, au moyen de deux journaux : « Le Producteur » (1825) et « Le Globe » (1831), diffusèrent sa pensée et l’accentuèrent en un socialisme et même une religion, qui condamnait la propriété privée et les héritages, mettant à la place une communauté de travail, de terres et de capitaux. Concrètement, les Saint-simoniens essayèrent d’appliquer leur doctrine dans le monastère de Ménilmontant. On trouve dans le Saint-simonisme une des sources directes de la pensée de Karl Marx. Il a, en effet, influencé la conception de l’argent et du travail dans la seconde moitié du XIXe siècle, persuadé que le progrès économique aboutira au progrès social, au progrès de la culture et de la morale et, par conséquent, à la fin des rivalités de classes et même des conflits entre nations.
 
Charles Fourier (1772-1837), reprenant l’idée des « phalanstères » anabaptistes de Munster en Westphalie pendant la Réforme, prône la vie et le travail librement consentis de groupes rassemblés en communautés.
 
Pour Pierre-Joseph Proudhon (18O9-1865), « la propriété, c’est le vol ». Il voulait une liberté totale des individus, jusqu’à la destruction des lois et de l’Etat, ce en quoi Marx n’a pas pu le suivre.
 
Louis Blanc ((1811-1882), politicien, avait coopéré à la révolution de 1848 et devint député d’extrême-gauche sous la troisième république.
 
Jules Bazile, dit Guesde (1845-1922) fonda, en 187O, le « Journal des Droits de l’Homme » et défendit l’insurrection parisienne de la Commune. Obligé de fuir en Suisse, il crée un quotidien : « Le Réveil international » (1871), ainsi que, la même année, une « Section de propagande et d’action révolutionnaire socialiste », de tendance anarchiste. Il passe au marxisme, dès 1876 et publie ses idées collectivistes dans « L’Egalité » (1877), ainsi que dans « Collectivisme et Révolution » (1879). Sous son influence, est créé à Marseille, en octobre 1879, un Parti socialiste ouvrier français à tendance marxiste. En 1893, il est élu député de Roubaix, et rêve d’en faire « la ville sainte du socialisme ». Après le congrès de l’Internationale d’Amsterdam, en 19O4, il fonde, en 19O5, le Parti socialiste unifié. De 1914 à 1916 il est ministre d’Etat auprès du socialiste René Viviani, alors président du Conseil, et de son successeur Aristide Briand.
 
Ces idées avaient fortement imprégné les milieux populaires parisiens dont la misère, la famine et l’exaspération étaient à leur comble depuis l’occupation de Paris par les Prussiens le 19 septembre 187O. L’insurrection appelée « la Commune » en fut le résultat.
 
En Europe, les révolutions apparues au milieu du XIXe siècle, dans la Confédération germanique (en Prusse, en Bavière, et en Autriche), également en Hongrie et en Italie (Turin, Milan, Venise, Parme, Florence, Rome, Naples, Palerme), ont eu pour cause la crise
économique des années 1845 : crise agricole, monétaire, malaise paysan, misère et insécurité du prolétariat, chômage.
En 1846, une révolution polonaise avait soulevé le projet d’ateliers nationaux à Cracovie ; elle fut de suite étouffée par l’Autriche qui annexa la ville et réprima en même temps le soulèvement des paysans de Galicie.
Des tentatives de réformes parlementaires ou encore nationalistes échouent en Angleterre, en Irlande, en Belgique, et aux Pays-Bas.
En Allemagne, il s’agit également d’une révolution avant tout politique, avec , aux prises, le mouvement libéral et le mouvement national. A Heidelberg, en mars 1848, les libéraux réclament la réunion d’un Parlement ; à Berlin, le roi Frédéric-Guillaume IV (1795-1861, régnant à partir de 184O), promulgue une Constitution qui accorde la liberté de la presse ainsi que le suffrage universel (8 avril). Le Hanovre, la Bavière et la Prusse deviennent des monarchies constitutionnelles.
 
Le mouvement européen qui, au milieu du XIXe siècle, a renversé les pouvoirs absolus, a été appelé « le Printemps des peuples ». Mais il ne fut que passager. Dès juin 1848, une réaction totalitaire se manifeste. Le Congrès panslave réuni début juin à Prague est dispersé par les généraux autrichiens Windischgraetz et Radetsky, provoquant une émeute vite étouffée. Un soulèvement ouvrier à Vienne est également réprimé le 19 août par la garde nationale autrichienne. Une insurrection éclate à Vienne le 7 octobre, par solidarité avec la Hongrie, mais est durement réprimée le 31 par le même Windischgraetz, qui fait exécuter le député allemand Robert Blum.
L’empereur d’Autriche Ferdinand IV (1793-1865, empereur dès 1835) abdique le 2 décembre 1848 en faveur de son neveu François-Joseph Ier (183O-1916).
Il n’a que dix-huit ans. Trois mois plus tard, en mars 1849, il dissout le Parlement et le remplace par une Constitution étendue à tout l’Empire. Les privilèges de la Hongrie, antérieurs à 1848, sont supprimés et les soulèvements conséquents violemment réprimés avec l’aide des Russes auxquels Vienne a fait appel. La Hongrie devient province autrichienne et l’absolutisme triomphe en Allemagne. La liberté de la presse est abolie, l’allemand devient langue officielle, et le catholicisme religion d’Etat, dans cette Confédération germanique à laquelle appartenaient l’Autriche et la Prusse depuis le Congrès de Vienne de 1815.
Cependant, si l’absolutisme triomphait dans la Confédération, il n’avait plus qu’une soixantaine d’années à vivre.
 
En France, le socialisme avait accusé un coup après l’écrasement de la Commune. Mais il refit surface, teinté de marxisme, dès 188O, grâce à Jules Guesde qui en répandait les idées parmi les milieux ouvriers.
 
Après 189O, le mouvement syndical fut avivé par la crise économique. Le socialisme gagna des hommes politiques importants comme Jean Jaurès (185O-1914), député, fondateur du journal « L’Humanité » ( 19O4) et du Parti socialiste unifié, et Etienne-Alexandre Millerand (1859-1943), député sous la troisième République, futur ministre de la Guerre en 1914-1915, puis président de la République de 192O à 1924 .
 
En 19OO, la loi Millerand créa la Direction du Travail, un Conseil supérieur du Travail, réunissant patrons et délégués syndicaux, des inspecteurs du travail, fonctionnaires devant surveiller l’application des lois sociales, et favorisa la création de syndicats et de bourses du Travail.
Aux élections législatives de 1893, avec cinquante députés élus, le socialisme devenait, en France, un parti important.
 
La troisième République (1870-1914), plutôt conservatrice, avait, dès 1898, voté une loi sur les accidents du travail, et se mit à pencher à gauche avec René Waldeck-Rousseau, ministre de l’Intérieur de 1883 à 1885, et président du Conseil de 1899 à 19O2, qui avait promulgué une loi syndicale en 1884. Il élabora une la loi sur les associations, en 19O1 , qui encadrait la liberté des congrégations et leur interdisait tout enseignement religieux. Elle aboutit à la séparation de l’Eglise et de l’Etat en 19O5.
L’affaire Dreyfus (dès 1898), accentua les rivalités gauche-droite, notamment quand l’écrivain Emile Zola, dans le quotidien « L’Aurore » du 13 janvier 1898, mit en cause la Justice, l’Armée, et dénonça les intrigues du gouvernement (13 janvier 1898) : deux camps opposés se dessinèrent alors très nettement : d’une part les intellectuels, les antimilitaristes, les révolutionnaires, et de l’autre les officiers, le clergé, les royalistes et nationalistes .
Sous les ministères Clémenceau et Briand se produisit, dès 19O6, une crise agraire dans le Midi , due à la surproduction et à la chute du prix du vin. Elle occasionna des émeutes et même des révoltes dans l’armée. En même temps, une agitation ouvrière fut la conséquence du congrès syndical d’Amiens, qui avait demandé la liberté, pour les syndiqués, d’adhérer à n’importe quel parti politique. Les syndicalistes révolutionnaires avaient appelé les travailleurs à lutter pour la disparition du salariat et du patronat, au besoin avec des grèves générales. Des grèves importantes se produisirent alors : les marins dans les ports, en 19O7 ; les ouvriers du bâtiment à Paris (19O8) , et surtout les cheminots en 1911. Le mécontentement populaire allait croissant avec l’augmentation des impôts, et la loi de 1913 qui fixait à trois ans la durée du service militaire.
 
Le 28 juin 1914, l’archiduc François-Ferdinand d’Autriche , neveu de François-Joseph et héritier du trône, était assassiné avec sa femme à Sarajevo en Bosnie, par un anarchiste serbe. Sarajevo était le siège du gouvernement militaire autrichien depuis 1878. Le 23 juillet, l Autriche envoyait à la Serbie un ultimatum avec des conditions qui ne furent pas toutes acceptées. Sans attendre, Vienne rompit les relations diplomatiques avec la Serbie le 25 juillet, et lui déclara la guerre trois jours plus tard, le 28 juillet 1914.
Le jeu des alliances se mit en place . L’Allemagne voulut circonscrire la guerre exclusivement à l’Autriche et à la Serbie, et fit plusieurs tentatives de médiation. C’est la raison pour laquelle Guillaume II s’était toujours défendu d’avoir voulu la guerre, et avait fait inscrire dans la pierre, au château du Haut-Koenigsbourg, la phrase fameuse : « Ich habe es nicht gewollt ». Mais les autres puissances estimèrent que cette solution favorisait trop l’Autriche. Or la Russie mobilisait. Alors, le 1er août, l’Allemagne déclara la guerre à la Russie et, le 3 août à son alliée, la France. Très vite, les troupes allemandes entrèrent en Belgique et c’est pourquoi, le 4 août, l’Angleterre déclara la guerre à l’Allemagne. Allié à l’Angleterre, le Japon entra en guerre contre l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie le 23 août.
 
Le climat général de contestation répandu dans toute l’Europe dès la moitié du XIXe siècle,
la sensibilisation par les écrivains, les philosophes, les politiciens, à la cause du prolétariat, et aux inégalités sociales, avait trouvé en Russie un terrain favorable. S’y ajoutèrent les erreurs du gouvernement et les échecs de la guerre.
 
 A suivre en janvier 2018