Journal octobre 2024
Michel Barnier, Premier ministre
Mesdames, messieurs les députés, avant de commencer cette déclaration de politique générale, je veux vous dire l’émotion qui a été la mienne et celle, j’en suis sûr, de chaque membre du Gouvernement en prenant part avec vous toutes et vous tous à cette minute de silence en mémoire de Philippine. Nous pensons à elle, nous pensons à sa famille et nous pensons à toutes les femmes victimes de violences.
Alors que je m’adresse à vous pour la première fois en tant que Premier ministre, j’ai conscience de la gravité et de l’importance de ce moment pour notre action commune au service du pays et pour les Français…
Un député du groupe LFI-NFP
Ils n’ont pas voté pour vous !
Michel Barnier, Premier ministre
…qui nous regardent et qui nous écoutent.
À cet instant, j’ai en mémoire l’ordre de mission que le général de Gaulle, de sa propre main, a adressé depuis Londres, en mai 1942, à l’un de ses aides de camp, Pierre de Chevigné, pour l’envoyer aux États-Unis afin de tenter d’y créer une antenne de La France libre : « je vous demande de faire beaucoup avec peu et en partant de presque rien », lui écrivait-il.
Matthias Tavel
Il n’avait pas eu Marine Le Pen au téléphone ! (Exclamations sur les bancs du groupe DR.)
Michel Barnier, Premier ministre
Des décennies plus tard, dans un moment heureusement moins dramatique, cette exigence de « faire beaucoup avec peu », c’est la vie quotidienne de beaucoup de nos compatriotes (Plusieurs députés du groupe LFI-NFP brandissent leurs cartes d’électeur. – Exclamations sur plusieurs bancs du groupe DR) :…
Philippe Gosselin
Un peu de tenue !
Jean-Yves Bony
Ça va pas commencer !
Michel Barnier, Premier ministre
…les policiers, les gendarmes, les militaires qui assurent notre sécurité dans des conditions toujours plus dangereuses (Applaudissements sur les bancs du groupe DR et sur plusieurs bancs des groupes RN, EPR et UDR) ; les aides-soignants, les infirmières, les médecins qui ont toujours moins de temps pour soigner toujours plus de patients (Mêmes mouvements) ; les professeurs, les éducateurs qui font tant d’efforts pour transmettre à nos jeunes le goût d’apprendre et l’esprit de citoyenneté (Exclamations sur quelques bancs du groupe LFI-NFP) ; les personnes en situation de handicap…
Une députée du groupe LFI-NFP
Vous les aviez oubliées !
Michel Barnier
…et toutes les associations qui se battent pour l’accessibilité et contre les discriminations (Mêmes mouvements) ; les bénévoles qui donnent de leur temps et de leur énergie pour les autres ; les parents aussi qui connaissent des fins de mois difficiles et se sacrifient souvent pour donner le meilleur à leurs enfants ; enfin, les enfants des milieux modestes qui, par leur mérite, avec le soutien de l’école de la République,…
Un député du groupe LFI-NFP
Que vous avez dépouillée !
Michel Barnier, Premier ministre
…parviennent à s’engager sur des chemins de vie désirés et non subis.
Comme chacun de celles et de ceux que je viens de citer et combien d’autres, nous sommes collectivement sur une ligne de crête : nous devons faire beaucoup. Si nous n’arrivons pas à faire beaucoup dans tous les domaines, nous devons faire bien pour répondre aux attentes des Françaises et des Français. Et nous devons faire avec peu, dans une économie de moyens et de ressources, j’y reviendrai.
Mme Aurélie Trouvé
Il y en a qui ont beaucoup !
Michel Barnier, Premier ministre
Contrairement aux termes de l’ordre de mission signé par le général de Gaulle, nous ne partons pas de « presque rien ». (Exclamations et applaudissements sur de nombreux bancs du groupe EPR.) Je pars, avec le Gouvernement, d’un vote populaire par lequel vous avez été élus, mesdames, messieurs les députés (Rires et exclamations sur les bancs des groupes LFI-NFP, EcoS et GDR), …
Mme la présidente
S’il vous plaît !
Michel Barnier, Premier ministre
…et qui traduit des attentes fortes, urgentes et justifiées pour des services publics efficaces, pour une sécurité au quotidien, mais aussi, j’en suis convaincu, pour que notre pays retrouve le chemin de l’apaisement, de la fraternité, de l’espérance.
Un député du groupe LFI-NFP
Avec Retailleau !
Michel Barnier, Premier ministre
Nous partons d’une France forte de la compétence, de la capacité d’innovation de ceux qui travaillent, produisent, entreprennent, ici, en métropole, mais aussi outre-mer et à l’étranger. Nous partons d’une France qui, ces dernières années, je le dis comme je le pense, objectivement, a progressé dans ces domaines et dans quelques autres, sous l’impulsion du chef de l’État et de ses différents gouvernements. Nous partons aussi d’une France riche de son histoire, de son patrimoine, de ses paysages, de sa biodiversité terrestre et maritime. Nous partons d’une France qui a été capable de s’unir, il n’y a pas si longtemps, pour encourager nos athlètes olympiques et paralympiques, pour chanter un peu partout La Marseillaise avec fierté, et pour, au bout du compte, étonner le monde.
Ces atouts, je les ai à l’esprit au moment où, après avoir été nommé Premier ministre par le Président de la République, il y a vingt-six jours, …
Mme Nathalie Oziol
Contre le vote des Français !
Michel Barnier, Premier ministre
…je viens vous présenter avec le Gouvernement notre feuille de route qui tient en une double exigence, que je vais rappeler, en une méthode, qui restera la mienne, et, au stade où nous sommes, en cinq grands chantiers.
Une exigence d’abord : la réduction de notre double dette, budgétaire et écologique. (Exclamations sur plusieurs bancs du groupe LFI-NFP.) Les Français attendent que nous regardions la vérité en face ; ils attendent aussi que le Premier ministre et les membres du Gouvernement, chacune et chacun d’entre vous, disent la vérité. Comme je m’y suis engagé, je dirai la vérité sur la réalité de nos comptes publics et sur la réalité de l’impact de notre mode de vie, de notre économie sur l’environnement.
J’ai entendu parler d’une épée de Damoclès qui pèserait sur la tête du Gouvernement mais la véritable épée de Damoclès, …
Mme Sophia Chikirou
C’est Macron !
Ugo Bernalicis
C’est la censure !
Michel Barnier, Premier ministre
…est dès aujourd’hui là sur la tête de la France et des Français et faute d’actions, faute de courage maintenant, je suis sûr d’une chose : elle pèsera beaucoup plus gravement demain sur nos enfants et nos petits-enfants.
La véritable épée de Damoclès, c’est notre dette financière colossale : 3 228 milliards d’euros.
À qui la faute ?
Michel Barnier
Si l’on n’y prend garde, elle placera notre pays au bord du précipice. Cette année, notre déficit public, celui de toutes les collectivités publiques, devrait dépasser 6 % de notre richesse nationale.
Hadrien Clouet
Bruno Le Maire et Gabriel Attal !
Michel Barnier, Premier ministre
En 2025, si rien n’est fait, il sera plus élevé encore. Pourquoi est-ce grave ? Pas seulement parce que ces chiffres n’ont rien à voir ni avec les prévisions de début d’année ni avec la trajectoire promise à nos partenaires ; pas seulement parce que cette situation nous affaiblit autour de nous en Europe. Mais d’abord parce que la charge de cette dette – 51 milliards d’euros – est aujourd’hui le deuxième poste de dépenses de l’État, derrière l’école.
Mme Mathilde Panot
Bravo Macron !
Michel Barnier, Premier ministre
Est-il acceptable que nous dépensions plus pour payer des intérêts à d’autres, que pour notre défense et notre recherche ? Ma réponse, à la place où je me trouve aujourd’hui, est non. Face à nos défis qui sont immenses, nous n’avons pas le choix. Notre responsabilité, c’est d’alléger le fardeau et de retrouver des marges de manœuvre budgétaires. Aussi notre volonté est de ramener le déficit de notre pays à 5 % en 2025. Notre objectif est de remettre notre pays sur la bonne trajectoire pour revenir sous le plafond de 3 % en 2029, dans le respect de nos engagements européens. (Exclamations sur plusieurs bancs du groupe LFI-NFP.)
Comment faire ? Ne nous racontons pas d’histoires – je ne raconterai pas d’histoires. Nos dépenses publiques atteignent 57 % de la richesse nationale, contre 49 % dans le reste de l’Europe. Elles ont augmenté de plus de 300 milliards depuis 2019, ce qui représente 5 000 euros de dépenses publiques supplémentaires chaque année par Français, quel que soit son âge. Le premier remède contre la dette, c’est la réduction des dépenses. (Applaudissements sur les bancs du groupe DR ainsi que sur plusieurs bancs des groupes EPR, Dem et HOR. – Exclamations sur les bancs du groupe LFI-NFP.) En 2025, les deux tiers de l’effort de redressement viendront donc de la réduction des dépenses. Réduire les dépenses, c’est renoncer à l’argent magique, à l’illusion du tout gratuit, à la tentation de tout subventionner.
Un député du groupe LFI-NFP
Ce sont les entreprises que vous subventionnez !
Michel Barnier, Premier ministre
C’est en faisant des choix avec responsabilité – j’utilise ce mot avec gravité – que nous serons capables d’investir dans des actions qui améliorent la vie des Français dans la durée. Ces choix, nous les ferons avec une attention particulière aux plus fragiles pour qui les services de santé, d’éducation et de cohésion sociale sont essentiels. Ces choix, nous les ferons avec les collectivités locales…
Thibault Bazin
Très bien !
Ugo Bernalicis
Avec le sourire ?
Michel Barnier, Premier ministre
…pas contre elles ni sans elles, en trouvant ensemble la juste part que chacun doit prendre à l’effort collectif.
Le deuxième remède, c’est l’efficacité de la dépense publique. Nous sommes champions des dépenses publiques, mais pour quel résultat ? Est-il normal que le coût de l’éducation d’un élève français soit supérieur à celui de nos voisins,…
Mme Aurélie Trouvé
Ce n’est pas vrai ! Arrêtez les mensonges !
Thibault Bazin
Écoutez-le !
Michel Barnier, Premier ministre
…alors que nos professeurs sont souvent moins bien payés ? Est-il acceptable que les services de l’État louent à prix d’or des locaux au cœur de Paris quand un déménagement dans des départements limitrophes permettrait de faire des économies et de participer à la rénovation urbaine comme l’organisation des Jeux olympiques l’a prouvé en Seine-Saint-Denis ? Trop souvent, nos concitoyens ont l’impression – et vous les entendez, mesdames et messieurs les députés – de ne pas en avoir pour leurs impôts.
Mme Sophia Chikirou
Vous savez à quoi ça ressemble, un citoyen ?
Michel Barnier, Premier ministre
Nous ferons donc la chasse aux doublons, aux inefficacités, aux fraudes, aux abus du système et aux rentes injustifiées.
Une députée du groupe LFI-NFP
C’est vous, les abus du système !
Michel Barnier, Premier ministre
Après la réduction de la dépense publique et l’amélioration de son efficacité, le troisième remède est d’ordre fiscal.
Hadrien Clouet
L’ISF !
Michel Barnier, Premier ministre
Nos impôts sont parmi les plus élevés du monde. Les baisses d’impôts décidées depuis sept ans et les mesures prises pendant la crise du covid ont aidé beaucoup de Français et beaucoup d’entreprises – c’est la vérité – et ont redonné de l’oxygène dans une situation inédite et grave.
Hadrien Clouet
Rendez l’argent !
Michel Barnier, Premier ministre
Mais la situation de nos comptes demande aujourd’hui un effort ciblé, limité dans le temps et partagé dans une exigence de justice fiscale. Ce partage de l’effort nous conduira à demander une participation au redressement collectif aux grandes et très grandes entreprises qui réalisent des profits importants.
Pierre Cordier
Vous devriez être contents ! (M. Pierre Cordier désigne les bancs du groupe LFI-NFP.)
Michel Barnier, Premier ministre
Nous le ferons sans remettre en cause notre compétitivité. Il n’y a ni partage ni redistribution possible s’il n’existe pas en amont de l’activité et de la production sur notre territoire. Cette exigence nous conduira également à demander une contribution exceptionnelle aux Français les plus fortunés (« Ah ! » et « Combien ? » sur plusieurs bancs des groupes LFI-NFP et EcoS) afin d’éviter les stratégies de défiscalisation des plus gros contribuables.
Enfin, nous lutterons résolument et dans la durée contre la fraude fiscale et la fraude sociale (Exclamations sur les bancs du groupe LFI-NFP), y compris en sécurisant les cartes Vitale pour éviter le versement indu d’allocations. (Applaudissements sur les bancs du groupe DR ainsi que sur quelques bancs des groupes RN et UDR.)
Sur ces questions budgétaires, il faudra faire des choix sérieux et graves avec vous, mesdames et messieurs les députés, au moment de la discussion du budget. Le projet de loi de finances, préparé en extrême urgence – jamais un Premier ministre n’a disposé d’aussi peu de temps pour présenter un budget –…
Sébastien Peytavie
La faute à qui ?
Une députée du groupe LFI-NFP
Allez le dire à Macron !
Michel Barnier, Premier ministre
…tient compte de la nécessité de redresser les comptes. Dans ce cadre, je souhaite que le Parlement, dont c’est le rôle, le débatte, l’ajuste et l’améliore. S’il y a urgence à redresser la barre, une bonne politique budgétaire se conduit dans la durée. Je souhaite donc que dans les ministères et chez les opérateurs publics soit engagé un effort de productivité contractualisé qui responsabilise chacun des directeurs d’administration centrale.
Il y a une autre épée de Damoclès, tout aussi redoutable,…
Hadrien Clouet
La censure !
Un député du groupe LFI-NFP
La destitution !
Michel Barnier, Premier ministre
…celle de la dette écologique. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe DR. – Exclamations sur de nombreux bancs des groupes LFI-NFP et EcoS.) Nous n’héritons pas la terre de nos ancêtres, nous l’empruntons à nos enfants. Cette priorité m’a accompagné tout au long de ma vie publique, depuis mon tout premier engagement aux côtés du tout premier ministre français de l’environnement, dans mon pays de Savoie, à l’Assemblée nationale et au Sénat où j’ai eu l’honneur de siéger, au ministère de l’environnement puis au ministère de l’agriculture et de la pêche, à la Commission européenne enfin. Elle sera au cœur de notre action, parce que j’ai en mémoire la recommandation d’un homme d’État que je respectais et admirais, Pierre Mendès France : ne jamais « sacrifier l’avenir au présent ».
J’entends bien ceux qui disent : à quoi bon ? Que peut faire la France seule, face à un problème qui concerne l’ensemble de l’humanité ? Je pense qu’on peut faire beaucoup. Nos émissions de gaz à effet de serre ont à nouveau diminué de 3,6 % au premier semestre de 2024 : c’est la preuve que les efforts paient. (Applaudissements sur de nombreux bancs des groupes EPR, Dem et HOR.) Nous pouvons et devons faire plus pour lutter contre le changement climatique et prévenir tous les risques de plus en plus nombreux et violents qu’il porte en lui, préserver la biodiversité et encourager l’économie circulaire. Nous devons agir plus concrètement au sein de l’Union européenne et dans le cadre des accords de Paris, et valoriser les initiatives des communes, de nos régions, des départements, de tant d’entreprises et d’associations.
Mme Clémence Guetté
Vous diminuez le fonds Vert de 60 % !
Michel Herbillon
Est-ce que LFI pourrait se taire et avoir du respect ?
Michel Barnier, Premier ministre
La transition écologique doit être l’un des moteurs de notre politique industrielle. Décarbonation des usines, encouragement à l’innovation, implantation de nouvelles industries de la transition, renforcement de nos filières de recyclage : je crois depuis longtemps à une écologie des solutions. Ensemble, nous allons agir aussi sur l’offre énergétique, en poursuivant résolument le développement du nucléaire (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes EPR, DR, Dem, HOR, ainsi que sur quelques bancs des groupes RN et LIOT), notamment des nouveaux réacteurs, mais aussi des énergies renouvelables en mesurant mieux tous leurs impacts – je pense en particulier aux éoliennes (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe DR) –, en valorisant la biomasse pour décarboner efficacement la production de chaleur et de gaz, en développant la filière française des biocarburants pour l’aviation. Enfin, dans les outre-mer, engagés vers un objectif de 100 % d’électricité renouvelable en 2030, seront développés des laboratoires d’innovation pour le solaire et la géothermie.
Ensemble, nous devons maîtriser nos besoins d’énergie, en poursuivant les efforts engagés et en faisant preuve de sobriété et d’efficacité. Nous allons mieux cibler l’accompagnement des particuliers et des entreprises, notamment pour la rénovation thermique des bâtiments.
Mme Clémence Guetté
Menteur !
Michel Barnier, Premier ministre
En attendant, le diagnostic de performance énergétique sera simplifié et son calendrier adapté. L’État qui est avec ses opérateurs le plus gros propriétaire immobilier foncier du pays doit aussi être exemplaire et réduira sa consommation d’énergie en isolant les surfaces qu’il gère. Pour tout cela, les travaux de planification vont reprendre immédiatement, avec les outils dont nous disposons : la stratégie française pour l’énergie et le climat, le troisième plan national d’adaptation au changement climatique, la nouvelle programmation pluriannuelle de l’énergie.
Je voudrais dire un dernier mot sur la question de l’eau. Sécheresses ou inondations, conflit des usages, pollution des nappes phréatiques, envolée des prix : soixante ans après la toute première loi sur l’eau de 1963, le moment est venu, en prenant en compte les travaux et les réflexions engagées ces dernières années, de consacrer aux enjeux stratégiques liés à l’eau une grande conférence nationale pour agir. (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes EPR, DR, Dem et HOR.)
Ces deux réalités budgétaire et climatique certains veulent les nier ou les ignorer. D’autres les subissent ou se contentent de les commenter. Mettre la tête dans le sable ou se lamenter n’a jamais permis d’avancer. Il n’y a pas de fatalité tant qu’il n’y a pas de fatalisme ! Je pense que les hommes et les femmes politiques que nous sommes n’ont pas le droit en ce moment d’être fatalistes. Je suis convaincu que nous pouvons trouver un chemin de réalisme et d’action qui passe partout par le contrat plutôt que par la contrainte et qui nous permette pas à pas de reconstruire la confiance.
Regardons bien avec lucidité – je vous prie de croire que c’est mon cas, à la place où je me trouve, devant vous – le moment politique où nous sommes. Les élections législatives ont abouti début juillet à une Assemblée nationale divisée comme jamais depuis 1958. Aucun parti politique n’y a la majorité absolue, ni à lui tout seul ni avec ses alliés.
Mme Mathilde Panot
Oui, mais nous avons la majorité relative ! (Exclamations sur les bancs du groupe DR.)
Michel Barnier, Premier ministre
C’est le choix des Français…
Mme Mathilde Panot
Non, pas de la majorité des Français !
Michel Barnier, Premier ministre
… et c’est la réalité de votre assemblée.
Pourtant, les Français ne nous pardonneraient pas l’immobilisme dans les trois ans qui viennent. Ils nous demandent des réponses urgentes à quelques grandes questions : comment accéder rapidement à des soins de qualité près de chez soi, comment vivre dignement de son travail ou de sa retraite, comment améliorer les services publics, comment assurer la sécurité dans son quartier ou dans son village.
Pour répondre à ces questions dans le contexte politique particulier où nous sommes, nous avons besoin d’une nouvelle méthode. Nous avons besoin d’écoute, de respect et de dialogue. (Exclamations sur quelques bancs du groupe LFI-NFP.)
Ian Boucard
Ça va leur faire bizarre !
Michel Barnier, Premier ministre
Écoute, respect et dialogue entre le Gouvernement et le Parlement. Je demanderai à mon gouvernement de s’appuyer davantage sur le travail parlementaire : propositions de lois, amendements, recommandations des commissions d’enquête ou d’information, évaluation des politiques publiques.
Mme Clémence Guetté
Combien de 49.3 ?
Michel Barnier, Premier ministre
Cela vaut évidemment pour les groupes parlementaires de l’Assemblée nationale ou du Sénat dont certains membres font désormais partie du Gouvernement et que je remercie pour leur soutien, mais aussi pour tous les autres groupes.
Erwan Balanant
C’est un peu cela, l’État de droit, en fait !
Michel Barnier, Premier ministre
Je souhaite qu’il y ait moins de textes et qu’il y ait plus de temps pour en débattre. (Applaudissements sur les bancs du groupe DR et sur quelques bancs des groupes EPR et HOR.)
Jean-Yves Bony
Très bien !
Michel Barnier, Premier ministre
Je suis également prêt à ce que l’ordre du jour soit mieux partagé entre le Gouvernement et le Parlement, conformément à l’article 48 de la Constitution, pour accueillir des propositions de lois transpartisanes et ambitieuses pour le pays. (Applaudissements sur quelques bancs des groupes EPR, DR, Dem et HOR.)
Olivier Falorni
Très bonne idée !
Michel Barnier, Premier ministre
Cela a été fait dans le passé, notamment pour la loi organique relative aux lois de finances (Lolf), et pourrait être fait à l’avenir ; je pense à de grands sujets comme le handicap.
Olivier Falorni
Pas seulement…
Michel Barnier, Premier ministre
Écoute et respect à l’égard de toutes les forces politiques et de toutes les sensibilités politiques représentées à l’Assemblée nationale et au Sénat. Je l’ai dit dès le premier jour : nous écouterons et respecterons chacune et chacun d’entre vous,…
Ugo Bernalicis
Marine ?
Michel Barnier
…même si ce respect n’est pas toujours réciproque. (Applaudissements sur les bancs des groupes EPR, DR, Dem, HOR, LIOT et sur quelques bancs du groupe RN.)
Un député du groupe LFI-NFP
Ça change des congrès LR !
Michel Barnier, Premier ministre
Enfin, j’ai entendu les appels à davantage de représentativité. Je suis prêt, ainsi que le Gouvernement, à une réflexion et à une action sans idéologie s’agissant du scrutin proportionnel (Applaudissements sur quelques bancs du groupe Dem), qui existe déjà au Sénat et dans les collectivités et que beaucoup de nos voisins pratiquent à différents degrés.
Écoute, respect et confiance dans les partenaires sociaux. J’ai souhaité prendre immédiatement le temps d’écouter tous les partenaires syndicaux et professionnels, que j’ai rencontrés cette semaine. Je pense que la situation requiert un renouveau du dialogue social (Exclamations sur quelques bancs du groupe LFI-NFP) et une relation exigeante et constructive avec l’État. Je fais confiance aux partenaires sociaux pour s’engager dans cet esprit et pour négocier dès les prochaines semaines à propos de l’emploi des seniors et du système d’indemnisation du chômage. Ils sont, de mon point de vue, les mieux placés pour trouver des solutions.
Sur les retraites aussi (« Ah ! » sur les bancs du groupe LFI-NFP), il faudra reprendre le dialogue.
Mme Mathilde Panot
Abrogez !
Michel Barnier, Premier ministre
Il est impératif de préserver l’équilibre durable de notre système de retraite par répartition. Néanmoins, certaines limites de la loi votée le 15 avril 2023 peuvent être corrigées.
Plusieurs députés du groupe LFI-NFP
Abrogez !
Michel Barnier, Premier ministre
Les questions des retraites progressives, de l’usure professionnelle, de l’égalité entre les femmes et les hommes face à la retraite méritent mieux que des fins de non-recevoir.
Xavier Breton
Très bien !
Michel Barnier, Premier ministre
Sur ces sujets, nous proposons aux partenaires sociaux de réfléchir à des aménagements raisonnables et justes de la loi.
Écoute, dialogue et contractualisation avec les collectivités locales et les élus locaux, qui font chaque jour la preuve de leur courage et de leur engagement. Je me fais depuis longtemps une très haute idée du rôle des collectivités locales dans la République.
Un député du groupe LFI-NFP
C’est pour cela que vous coupez les crédits du fonds Vert ?
Michel Barnier, Premier ministre
Quarante ans après les grandes lois de décentralisation, il nous faut bâtir un nouveau contrat de responsabilité entre les collectivités locales et l’État.
Hervé Saulignac
Chiche !
Michel Barnier, Premier ministre
Nous respecterons les compétences des collectivités et examinerons les possibilités de les renforcer. C’est dans cet esprit que la ministre du partenariat avec les territoires et de la décentralisation reprendra le dialogue avec les élus et les acteurs socio-économiques de la collectivité de Corse.
Ugo Bernalicis
Et avec le Parlement, accessoirement !
Michel Barnier, Premier ministre
Écoute, respect et comptes à rendre aux Françaises et aux Français, qui ont des choses à dire et souvent de bonnes solutions à proposer. J’ai toujours pensé que les bonnes idées ne tombent pas systématiquement d’en haut et qu’il faut écouter les gens sur le terrain. (« Ah ! » sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
Un député du groupe LFI-NFP
Le terrain, c’est les gens qui votent !
Michel Barnier, Premier ministre
Voilà pourquoi j’étudierai l’idée – que vous aviez soutenue, madame la présidente – d’organiser régulièrement – une fois par an ou tous les deux ans – une journée nationale de consultation citoyenne. (Exclamations prolongées sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
Hadrien Clouet
Un grand débat !
Michel Barnier, Premier ministre
Ce jour-là – dans mon esprit, mais cela mérite un débat –, toutes les mairies seraient ouvertes et internet utilisé. Les collectivités de chaque niveau – commune, intercommunalité, département, région, État – auraient la possibilité de poser une question aux citoyens et d’ouvrir un débat à ce propos.
Écoute, respect et dialogue, enfin, avec les 3 millions de Français qui vivent dans nos départements et territoires d’outre-mer et qui font vivre la France dans trois océans. Ces douze départements et territoires sont une partie essentielle de notre pays. Le Gouvernement dialoguera avec eux en respectant leur spécificité,…
Un député du groupe LFI-NFP
Comme en Kanaky !
Michel Barnier, Premier ministre
…leur culture, leur diversité et en entretenant des relations suivies avec leurs élus. Le ministre chargé des outre-mer, rattaché à Matignon, et moi-même reprenons le fil de la concertation avec les parlementaires et les élus locaux. Dans cet esprit, je présiderai durant le premier trimestre 2025 un comité interministériel des outre-mer (Ciom) pour valoriser, de concert avec les élus et les organisations professionnelles, les ressources propres – agricoles, forestières, maritimes ou encore énergétiques – de ces territoires au bénéfice direct de leurs habitants. Ensemble, nous devons aussi lutter rapidement contre la vie chère qui frappe nos compatriotes d’outre-mer. (Mme Maud Petit applaudit.)
Si vous me le permettez, je souhaite dire un mot de la Nouvelle-Calédonie, dont je salue amicalement les élus qui sont ici. (M. le Premier ministre fait un geste en direction de la tribune. – Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes EPR, DR, Dem, HOR, LIOT et sur quelques bancs des groupes RN et EcoS.)
Jean-Paul Lecoq
Et ici ! (M. Lecoq désigne en souriant M. Emmanuel Tjibaou.)
Michel Barnier, Premier ministre
Depuis maintenant quatre mois et demi, ce territoire connaît une crise d’une gravité exceptionnelle. J’ai conscience des souffrances et de l’angoisse que ressentent ses habitants et tiens à leur dire que l’État et mon gouvernement seront à leurs côtés. Je veux saluer tous ceux qui s’engagent pour l’apaisement, en premier lieu nos forces de l’ordre et les fonctionnaires de l’État (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes EPR et DR),…
Frédéric Maillot
Pas l’État, pour le coup !
Michel Barnier, Premier ministre
…mais aussi les responsables politiques et syndicaux et les acteurs de la société civile, qu’ils soient du monde économique, religieux ou coutumier. Une nouvelle période doit maintenant s’ouvrir, consacrée à la reconstruction économique et sociale de la Nouvelle-Calédonie et à la recherche d’un consensus politique concernant son avenir institutionnel. Ce travail sera conduit dans le respect des convictions de chacun, de la diversité du peuple calédonien et des principes démocratiques.
Frédéric Maillot et M. Jean-Victor Castor
Et de l’accord de Nouméa !
Michel Barnier, Premier ministre
Je m’y emploierai personnellement. Je tiens d’ailleurs à vous remercier, madame la présidente, ainsi que le président du Sénat, car vous avez tous deux accepté de conduire une mission de concertation et de dialogue qui se rendra prochainement en Nouvelle-Calédonie.
Afin de garantir une gestion dans la durée de l’ensemble des enjeux calédoniens, les discussions, à Paris comme en Nouvelle-Calédonie, sont désormais soutenues par une délégation interministérielle placée auprès du Premier ministre et du ministre chargé des outre-mer.
Je suis en mesure d’annoncer, en accord avec le Président de la République, la décision de reporter les élections provinciales jusqu’à fin 2025. Les assemblées parlementaires auront donc prochainement à se prononcer sur ce report par le vote d’un projet de loi organique. Le projet de loi constitutionnelle sur le dégel du corps électoral adopté en mai ne sera pas soumis au Congrès. (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes LFI-NFP, SOC, EcoS, LIOT et GDR.) Le Président de la République le confirmera aux élus de Nouvelle-Calédonie lorsqu’il les réunira au mois de novembre.
Jean-Victor Castor
Tout ça pour ça !
Michel Barnier, Premier ministre
Par l’écoute et le dialogue, nous devons renforcer l’efficacité de l’action publique. Nous reprendrons par exemple le chantier ouvert par le projet de loi de simplification de la vie économique, mais tous les progrès ne passent pas par la loi : bien des améliorations peuvent advenir grâce à des mesures de mutualisation, de simplification et de déconcentration. Je l’ai constaté il y a quelques jours, dans mon pays de Savoie, en visitant une maison France Services.
Erwan Balanant
Merci Jacqueline Gourault !
Michel Barnier, Premier ministre
Il existe désormais près de 3 000 de ces maisons qui placent les services à proximité des gens. J’ai vu des citoyens, parfois âgés, souvent en difficulté, y trouver l’aide administrative dont ils avaient besoin. Les mesures qui marchent seront poursuivies et consolidées. Nous devons encourager ce type de solutions, quitte à expérimenter, en donnant de la flexibilité aux préfets.
Ugo Bernalicis
De la souplesse ! De l’agilité !
Michel Barnier, Premier ministre
Je signerai d’ailleurs rapidement une instruction pour leur permettre de déroger davantage au cadre national, à chaque fois que cela sera utile.
Nous développerons partout une culture de l’évaluation. Nous ne pourrons pas dépenser plus ; nous dépenserons mieux. Nous voulons par exemple continuer de soutenir l’apprentissage, mais en évitant les effets d’aubaine. Nous mutualiserons et regrouperons des agences, des opérateurs et des fonds qui partagent des objectifs communs, comme Business France et Atout France. Nous devons mieux détecter ensemble les cas de surtransposition des normes européennes qui pénalisent la compétitivité de nos entreprises et de nos exploitations agricoles. (Applaudissements sur les bancs du groupe DR et sur plusieurs bancs des groupes EPR, HOR et LIOT.) Enfin, pour conserver ou reconstruire une vraie capacité de prospective – j’ai toujours pensé que les acteurs publics tels que les députés ou les membres du Gouvernement en avaient besoin –, nous fusionnerons France Stratégie avec le haut-commissariat au plan. Il y a dans les services de l’État de l’intelligence et de l’expertise ; elles peuvent être mieux utilisées, sans avoir recours à des cabinets de conseil privés. (« Ah ! » sur quelques bancs des groupes SOC et EcoS. – Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe DR.)
Ce qui est vrai pour l’État l’est aussi pour les collectivités territoriales. Nous passerons méthodiquement en revue, pour les débloquer, les projets ou les actions locales qui sont empêchés en raison de la complexité de la réglementation. Nous ferons remonter du terrain des propositions concrètes de simplification pour lesquelles nous demanderons au Parlement de lever les obstacles relevant de la réglementation en vigueur.
Je demanderai aux membres de mon gouvernement, sous la coordination du ministre chargé de la simplification de l’action publique, de limiter au strict minimum les nouvelles normes.
Enfin, nous ferons du dialogue et de la culture du compromis un principe de gouvernement. Le mot de compromis n’est pas un gros mot !
Ludovic Mendes
Même au ministère de l’intérieur ?
Michel Barnier, Premier ministre
On ne se compromet pas quand on fait un compromis, surtout s’il est dynamique.
Mme Élisa Martin
Ça dépend quand même avec qui !
Michel Barnier, Premier ministre
Michel Rocard ne disait pas autre chose dans sa propre déclaration de politique générale, en 1988 – j’ai d’ailleurs le souvenir qu’Édouard Philippe y a fait référence dans la sienne, en 2017 – : « Nos priorités ne sont pas celles d’une moitié de la France contre l’autre moitié, mais celles de tous les Français. Défaire ce que les autres ont fait, faire ce que d’autres déferont, voilà bien le type de politique dont les électeurs ne veulent plus. » (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes EPR, DR, Dem, HOR et LIOT.)
C’est toujours vrai à présent. Je ne suis donc pas le premier à le penser. Je sais qu’il reste du chemin à parcourir. Regardons l’exemple souvent donné dans les collectivités locales, où on sait bâtir des compromis dynamiques. Regardons aussi autour de nous, en observant ce qui marche chez nos voisins. En Europe, on mène campagne ; on se confronte parfois durement ; on défend ses idées ; on est élu – souvent, pas toujours – puis on discute et on se met d’accord pour travailler ensemble sur quelques grandes réformes.
Madame la présidente, mesdames et messieurs les députés, j’ai entendu que certains ont des lignes rouges, parfois très rouges. (Sourires sur les bancs du groupe DR. – Applaudissements sur les bancs des groupes EPR, DR et HOR.)
Un député du groupe DR
On préfère les lignes bleues aux lignes rouges ! (Sourires sur quelques bancs du groupe DR.)
Michel Barnier, Premier ministre
Depuis que j’ai accepté la proposition du Président de la République d’être le Premier ministre de notre pays, j’ai gardé en mémoire mes propres lignes rouges, qui sont celles de tout le Gouvernement.
Il n’y aura aucune tolérance à l’égard du racisme et de l’antisémitisme. (Applaudissements sur les bancs des groupes RN, EPR, DR, Dem, HOR et UDR. – Exclamations sur les bancs du groupe LFI-NFP. – Plusieurs députés du groupe DR désignent les députés des groupes LFI-NFP et EcoS, qui désignent à leur tour les députés du groupe RN.)
Il n’y aura aucune tolérance à l’égard des violences faites aux femmes. (Applaudissements sur les bancs des groupes RN, EPR, DR, Dem, HOR et UDR, ainsi que sur quelques bancs des groupes SOC, GDR et LIOT. – Exclamations sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
Il n’y aura aucune tolérance à l’égard du communautarisme. (Mêmes mouvements.)
Michel Herbillon
Regardez-les ! (M. Michel Herbillon désigne les députés du groupe LFI-NFP.)
Michel Barnier
Il n’y aura aucun accommodement en ce qui concerne la défense de la laïcité, aucun. (Applaudissements sur les bancs des groupes RN, EPR, DR, Dem, HOR et UDR, ainsi que sur quelques bancs des groupes SOC, GDR et LIOT. – Exclamations sur les bancs du groupe LFI-NFP.) Nous n’accepterons aucune discrimination. Nous n’accepterons aucune remise en cause des libertés conquises au fil des ans.
Ugo Bernalicis
Qu’en est-il de votre gouvernement ?
Michel Barnier, Premier ministre
Je pense à la loi sur l’interruption volontaire de grossesse défendue par Simone Veil. (Applaudissements sur les bancs des groupes EPR, Dem, HOR ainsi que sur plusieurs bancs des groupes RN, DR, SOC, GDR, LIOT et UDR.) Pour tout vous dire, avoir siégé dans le même gouvernement que Simone Veil reste un des grands honneurs de ma vie. Il n’y aura donc aucune remise en cause de cette loi désormais protégée par la Constitution. De même, il n’y aura aucune remise en cause de la loi sur le mariage pour tous (Applaudissements sur les bancs des groupes EPR, Dem, HOR ainsi que sur quelques bancs des groupes DR et SOC) ni des dispositions législatives sur la procréation médicalement assistée. (Mêmes mouvements.)
Depuis le premier jour de mon engagement politique, depuis le début de mon travail parlementaire, ici même, à l’Assemblée nationale, quand j’ai eu l’honneur d’en être le benjamin (Sourires sur les bancs des groupes EPR et DR), je me fais une certaine idée de la République et de ses institutions. (Exclamations sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
Mme la présidente
Un peu de silence !
Michel Barnier, Premier ministre
C’est cette idée qui animera, aussi longtemps que vous le déciderez,…
Carlos Martens Bilongo
C’est bientôt fini !
Michel Barnier, Premier ministre
…– car c’est bien vous qui le déciderez – l’action de mon gouvernement. Ce gouvernement, je l’ai voulu équilibré (Rires prolongés sur les bancs des groupes LFI-NFP et GDR, ainsi que sur quelques bancs du groupe EcoS), représentatif, pluriel, avec comme seule boussole l’intérêt général de notre pays. Peut-être n’est-ce pas habituel, mais vous me permettrez d’exprimer mes remerciements personnels à celles et ceux qui ont accepté de faire partie de cette équipe de France, dans une période très difficile, de travailler ensemble et, même s’ils ne viennent pas du même endroit et n’ont pas la même sensibilité, d’être solidaires.
Le Gouvernement ne fera pas de miracles – je l’ai dit lors de ma toute première visite, aux équipes du Samu de Paris, à l’hôpital Necker, tant le chemin est escarpé. Cependant, le Gouvernement est prêt à franchir un à un les obstacles et à s’efforcer de répondre aux préoccupations des Français.
La déclaration de politique générale,…
Un député du groupe EcoS
Très générale ! (Sourires.)
Michel Barnier, Premier ministre
…cmme celle que je prononce devant vous, est souvent l’occasion de passer en revue toutes les politiques animées dans notre pays par des agents publics dont je salue l’efficacité, le sens du service et le dévouement. Mais la tentation de l’exhaustivité se heurte à l’urgence d’apaiser et de trouver des solutions. Voilà pourquoi je me concentrerai, dans une deuxième partie, sur cinq grands chantiers prioritaires. (Exclamations sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
Michel Herbillon
Un peu de respect ! Taisez-vous !
Michel Barnier, Premier ministre
Le premier chantier concerne le niveau de vie des Français. Notre objectif est que tous les Français frappés par la vie chère constatent dès l’année prochaine une amélioration de leur niveau de vie. Pour cela, nous avons besoin d’une économie vigoureuse où chacun puisse bien vivre des fruits de son travail.
Il y a dans notre pays de nombreuses créations d’emplois et de plus en plus de personnes au travail grâce à l’attractivité de la France pour les investissements internationaux, qui est depuis sept ans une priorité du Président de la République, et grâce à la réussite des entrepreneurs et des entreprises, qu’elles soient grandes, petites ou intermédiaires, des artisans et des commerçants qui travaillent et produisent en France dans de nombreux secteurs, y compris le numérique et l’intelligence artificielle. Notre pays doit et veut amplifier son ambition industrielle. Le Gouvernement encouragera une meilleure mobilisation de l’épargne des Français pour soutenir cette dynamique, par exemple à travers un nouveau livret d’épargne dédié à l’industrie.
Pierre Cordier
Très bien ! J’y placerai mes économies. (Sourires.)
Matthias Tavel
Les Français n’ont rien à mettre dessus !
Michel Barnier, Premier ministre
Néanmoins, nous le savons tous, nous n’avons pas encore atteint le plein emploi. Le RSA ne doit pas être uniquement un filet de sécurité. Nous devons en faire un tremplin vers l’insertion, un nouveau contrat social fait du droit d’être aidé et du devoir de chercher, vraiment, un travail. (Applaudissements sur les bancs du groupe DR.)
Cela passe notamment – mais pas seulement – par l’action de France Travail, qui accompagnera désormais progressivement, en lien avec les départements et l’ensemble des acteurs de l’emploi, tous les allocataires du RSA et toutes les entreprises qui ont besoin de recruter.
Fabien Di Filippo
Il faut en finir avec l’assistanat !
Michel Barnier, Premier ministre
Là où la réforme du RSA a été engagée, ça marche, (Applaudissements sur les bancs du groupe EPR)…
Gérald Darmanin
Bravo !
Michel Barnier, Premier ministre
…comme à Marseille où, après six mois d’accompagnement, une personne sur trois est sortie du RSA.
Enfin, nous avons de nombreux dispositifs d’insertion par l’activité économique, auxquels je suis attentif, notamment le travail adapté pour les personnes en situation de handicap, ou des expérimentations que je connais assez bien comme Territoires zéro chômeur de longue durée, qui donnent des résultats et doivent être encouragés.
Encore faut-il que le travail paie. Nous revaloriserons le Smic de 2 % dès le 1er novembre 2024, anticipant ainsi l’augmentation prévue le 1er janvier 2025.
Manuel Bompard
De 2 % seulement ! («Oh là là ! » sur plusieurs bancs du groupe LFI-NFP.)
Michel Barnier, Premier ministre
Ensuite, il reste dans notre pays des branches professionnelles dans lesquels les minima sont inférieurs au Smic. Ce n’est pas acceptable, et cela fera l’objet de négociations rapides. L’État y veillera.
En outre, il est désormais démontré que notre dispositif d’allègement de charges freine la hausse des salaires au-dessus du Smic ; nous le reverrons.
Enfin, vous n’en serez pas étonné, plus d’un demi-siècle après une déclaration prémonitoire du général de Gaulle nous relancerons la participation, l’intéressement et l’actionnariat salarié, et cela pas seulement dans les grandes entreprises. (Applaudissements sur les bancs du groupe DR ainsi que sur quelques bancs du groupe EPR.)
Le niveau de vie des Français dépend de leur salaire, mais aussi des prix. La baisse de l’inflation est très nette dans les tableaux économiques. Il faut désormais la répercuter sur les factures d’électricité et à la caisse du supermarché.
Un député du groupe DR
Très bien !
Michel Barnier, Premier ministre
Il faut aussi agir sur le logement. (« Ah ! » sur quelques bancs du groupe DR). C’est le premier poste de dépense des Français. La baisse des taux d’intérêt est une bonne nouvelle pour relancer les crédits immobiliers. Cependant l’État et les collectivités territoriales doivent amplifier ce signal pour créer de la croissance et revitaliser la construction de logements. Pour construire, il faut du foncier.
Philippe Gosselin
Eh oui ! On en manque !
Pierre Cordier
Il faut supprimer le ZAN !
Michel Barnier, Premier ministre
Nous devons faire évoluer de manière pragmatique et différenciée la réglementation zéro artificialisation nette (Applaudissements et « Bravo ! » sur les bancs du groupe DR, ainsi que sur quelques bancs des groupes RN et EPR) pour répondre aux besoins essentiels de l’industrie et du logement.
Dans un contexte de crise du secteur de la construction, des mesures rapides sont nécessaires pour relancer l’investissement locatif et l’accession à la propriété, notamment chez les primo-accédants, pour lesquels le Gouvernement est favorable à l’extension du prêt à taux zéro, sur tout le territoire. (Mêmes mouvements.)
Philippe Gosselin
Excellent !
Michel Barnier, Premier ministre
En outre, nous devons simplifier au maximum les normes qui pèsent sur la construction des logements neufs ou la réhabilitation des logements anciens.
Quant au logement social, il ne devrait être qu’une étape. Les bailleurs doivent pouvoir réexaminer régulièrement la situation de leurs locataires afin d’adapter les loyers à leurs ressources. C’est aussi une mesure de justice sociale. (Exclamations sur les bancs du groupe LFI-NFP.) Pour faciliter l’accession sociale à la propriété, il y a – j’en suis sûr – des mesures innovantes à trouver avec les offices HLM ; nous y sommes prêts.
Il faut également donner plus de pouvoir aux maires dans l’attribution et la priorisation des logements sociaux sur leur territoire. (Applaudissements sur les bancs des groupes DR et HOR.) Faisons-leur confiance pour permettre une vraie mobilité dans le parc social.
Un autre poste essentiel de dépense des Français est évidemment l’alimentation. Une alimentation de qualité, saine, variée, et traçable doit être à la portée de tous, alors que ce n’est pas le cas.
Pour cela, notre agriculture, en métropole et outre-mer, est l’un de nos principaux atouts. Je pense depuis longtemps que les agriculteurs et les pêcheurs sont d’abord des producteurs. Leur production est vitale pour notre souveraineté alimentaire et pour la compétitivité de notre pays. Ils ont résolument, et depuis longtemps, engagé la transformation de leurs filières, en investissant, en se modernisant, en s’adaptant au changement climatique. J’ai moi-même soutenu cette transformation quand j’étais leur ministre, en particulier en lançant le premier plan Écophyto. Nous devons poursuivre ce travail avec eux – ni sans eux ni contre eux. Nous devons également les soutenir lorsqu’ils sont frappés par des crises, qu’elles soient climatiques ou sanitaires, comme la grave crise de la fièvre catarrhale ovine qui sévit actuellement. Nous devons enfin leur donner des perspectives à long terme. Nous renforcerons la transparence sur les marges pratiquées par la grande distribution et nous encouragerons les contrats tripartites entre agriculteurs, transformateurs et distributeurs, conformément aux lois Egalim du 30 octobre 2018, du 18 octobre 2021 et du 30 mars 2023 et en allant au-delà. Pour relever ces défis, mon gouvernement reprendra sans délai le projet de loi d’orientation pour la souveraineté agricole et le renouvellement des générations en agriculture. (Applaudissements sur les bancs des groupes EPR et DR.)
Sylvain Maillard
Très bien !
Michel Barnier, Premier ministre
Nous défendrons aussi les agriculteurs français à Bruxelles, en poursuivant le travail indispensable de simplification des règles et afin de s’assurer que les négociations budgétaires et la négociation des accords de libre-échange respectent leurs intérêts et la réciprocité dans les échanges, ce qui n’est pas gagné.
Enfin, les transports pèsent lourd dans les dépenses des ménages. Là aussi, je veux soutenir l’initiative locale. C’est la logique du rattachement du ministère des transports à un grand ministère du partenariat avec les collectivités.
Nous travaillerons donc avec les collectivités et les acteurs économiques pour investir en priorité dans les transports du quotidien et offrir des solutions de transport aux Français des zones périurbaines et rurales, à ces millions de travailleurs qui font des dizaines de kilomètres par jour et n’ont pas pour le moment d’autre choix que la voiture.
Le deuxième chantier est celui de l’accès à des services publics de qualité. (Exclamations sur les bancs du groupe LFI-NFP.) Les Français sont attachés à leurs services publics dans tous les territoires. Je comprends leur colère et leur désarroi, que vous connaissez vous aussi, quand il faut attendre de longues semaines pour obtenir une pièce d’identité ou quand des professeurs absents ne sont pas remplacés.
L’école restera la priorité.
Maxime Laisney
Alors nommez une vraie ministre de l’éducation !
Michel Barnier
Nous voulons donner à tous nos enfants une école qui leur permette d’apprendre, de forger leur jugement et, à force de travail, de prendre leur avenir en main et de participer ainsi à celui du pays. J’ai confiance dans la qualité et l’engagement des enseignantes et des enseignants ainsi que de tous les personnels de l’éducation nationale. (Mêmes mouvements.)
Ugo Bernalicis
Mais eux n’ont pas confiance en vous !
Michel Barnier, Premier ministre
Ils doivent être partout et toujours respectés et protégés. Ils ont moins besoin, me semble-t-il, de grandes réformes et d’une énième refonte des programmes que du bon fonctionnement de leur établissement.
Ensemble, nous voulons renforcer l’attractivité de la mission d’enseignement. Ensemble, nous devons trouver des réponses au défi posé par le remplacement des professeurs absents.
Ugo Bernalicis
Trouver un remplaçant, ce n’est pas compliqué !
Michel Barnier, Premier ministre
Au-delà des améliorations en termes d’organisation et de formation, ne pourrait-on pas, par exemple, faire plus – et mieux – appel à des professeurs retraités volontaires, notamment pour accompagner leurs plus jeunes collègues ? (Exclamations sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
Ensemble, nous devons travailler pour que toute notre jeunesse ait accès à la culture et au sport. Telle est la trace durable que doivent laisser les Jeux olympiques et paralympiques.
Ensemble, avec les parents, nous pouvons trouver des solutions pour mieux soutenir les élèves en difficulté, consolider les savoirs fondamentaux, améliorer l’accessibilité pour les élèves en situation de handicap et l’inclusion scolaire, et continuer la lutte sans merci contre le harcèlement à l’école et sur les réseaux sociaux.
Ensemble, nous devons réinvestir dans les équipes et les dispositifs d’orientation, afin de mieux accompagner nos élèves dans leurs choix d’avenir. Nous continuerons de valoriser les filières professionnelles.
Ensemble, nous devons aussi développer le service public de la petite enfance. C’est le lieu des premiers apprentissages et des premières protections, en particulier contre le danger des écrans.
Outre l’école, la santé est au cœur des préoccupations des Français. Avec tous les professionnels de santé, nous devons trouver des solutions de terrain qui fonctionnent pour les patients. En effet, nous sommes face à deux immenses défis : le fonctionnement de l’hôpital…
Mme Elsa Faucillon
Il est mort, l’hôpital !
Michel Barnier, Premier ministre
…et la lutte contre les déserts médicaux.
Ainsi, la lutte contre les déserts médicaux et la pénurie de soignants figurera parmi les priorités du Gouvernement. Le temps où l’on craignait de former trop de médecins est révolu : nous amplifierons l’effort engagé.
Thibault Bazin
C’est urgent, ça !
Arnaud Le Gall
Donnez des moyens !
Michel Barnier, Premier ministre
Mesdames et messieurs les députés, je sais votre incompréhension au sujet de la diminution des postes d’internes cette année. En 2025, la dynamique reprendra fortement : il y aura 11 000 internes, contre 8 500 en 2024.
Avec tous ceux qui le voudront, nous travaillerons à un nouveau programme, que j’appellerai le programme « Hippocrate ».
Mme Sarah Legrain
Hypocrite !
Michel Barnier, Premier ministre
Grâce à l’accompagnement de l’État et des collectivités, les internes français et étrangers s’engageront, sur une période donnée, à exercer dans les territoires qui manquent le plus de médecins. Nous nous inspirerons de ce qui marche.
Hervé Saulignac
Ça existe déjà et ça ne marche pas !
Michel Barnier, Premier ministre
Nous déploierons plus rapidement les assistants médicaux, les bus de santé et les regroupements de professionnels de santé. Nous nous appuierons sur les nouvelles technologies : la télémédecine, la télésurveillance et le recours à l’intelligence artificielle, lorsque c’est utile.
Puisque rien ne remplace le contact humain, pourquoi, là encore, ne pas s’appuyer davantage sur des médecins retraités, en leur permettant de reprendre du service avec un cumul favorable des rémunérations et des retraites ?
Je connais l’engagement des soignants, en particulier des médecins qui font l’objet d’une revalorisation légitime ; je sais qu’ils répondront présent au service des Français, tant l’urgence est grande.
Mon Gouvernement proposera d’accélérer l’accès aux soins grâce à une loi « infirmières et infirmiers », qui améliorera la reconnaissance de leur expertise et de leurs compétences, et leur donnera un rôle élargi dans la prise en charge des patients. Nous pourrions étendre la même démarche aux pharmaciens et aux kinésithérapeutes.
La situation de notre hôpital mérite, elle aussi, toute notre attention. Afin de soulager les urgences, nous devons mieux orienter les patients en généralisant le service d’accès aux soins, d’ici la fin de l’année. Nous devons aussi améliorer l’organisation et la complémentarité des soins au sein de nos territoires, entre la ville et l’hôpital, entre le public et le privé.
Notre système de santé est gravement malade de sa complexité et de sa bureaucratie. Il y a peu, j’ai rencontré des médecins – qui savent de quoi ils parlent, et il y en a parmi vous – selon qui réduire les formalités auxquelles ils sont astreints permettrait d’augmenter d’environ 15 % le temps dédié aux consultations. Nous nous attaquerons donc à la simplification et à la suppression de ces formalités, afin de retrouver du temps médical utile et de redonner du sens au métier des soignants.
Enfin, à l’heure de l’intelligence artificielle, comment expliquer que l’hôpital, comme l’école et tant d’autres services, soit encombré par tant de paperasse qui mine le moral des agents et des usagers ?
Hadrien Clouet
C’est vous qui nous minez le moral !
Michel Barnier, Premier ministre
Un autre sujet me tient à cœur depuis très longtemps, pour des raisons familiales, et je sais qu’il préoccupe aussi beaucoup d’entre vous. Les crises successives, en particulier celle, pas si lointaine, du covid, ont eu un effet aggravant sur la santé mentale de beaucoup de Français.
Hadrien Clouet
Encore neuf pages !
Michel Barnier, Premier ministre
Les problèmes de santé mentale touchent un Français sur cinq – un sur cinq ! –, particulièrement les jeunes. L’impact sur les familles et les proches est immense. Les maladies psychiques sont le premier poste de dépenses de l’assurance maladie. Ces maladies se soignent et la prévention est essentielle. Des progrès sont réalisés dans la recherche et les traitements, mais il y a encore tellement à faire s’agissant des modes d’accompagnement des malades et des aidants !
Hadrien Clouet
Par exemple ?
Michel Barnier, Premier ministre
Je n’oublie pas le trouble du neurodéveloppement et du comportement cognitif. L’accès aux soins, à l’éducation et à l’emploi des personnes concernées fait partie des enjeux prioritaires.
Je le redis, cet enjeu me tient à cœur. La santé mentale est l’affaire de tous : État, collectivités, entreprises et associations. C’est pourquoi nous ferons de la santé mentale la grande cause nationale de l’année 2025. (Applaudissements sur les bancs des groupes DR et HOR et sur plusieurs bancs des groups EPR et Dem.)
Enfin, dans tous les domaines de la santé, la politique de prévention guidera notre action : prévention des comportements à risque, intensification des dépistages, développement du sport santé. Nous mènerons ces chantiers avec énergie, car ils sont la seule manière d’améliorer durablement l’espérance de vie en bonne santé.
Le troisième chantier est celui de la sécurité au quotidien : les Français nous demandent d’assurer la sécurité dans chaque territoire. Nous généraliserons la méthode expérimentée pendant les Jeux olympiques et paralympiques.
Sylvain Maillard
Très bien !
Michel Barnier, Premier ministre
Dans chaque département, sous l’autorité des préfets et des procureurs, un plan d’action sera déployé par la police et la gendarmerie nationale, en liaison avec les autres acteurs locaux de la sécurité, à commencer par les polices municipales. (Applaudissements sur les bancs du groupe HOR.)
Les résultats, qui feront l’objet de points de situation réguliers, doivent être rapides, concrets et visibles. Tous les Français ont besoin d’être rassurés par la présence de nos forces, qui seront encore plus visibles et présentes sur la voie publique, ainsi que dans les villes et les villages de France. C’est l’objectif de la création de nouvelles brigades de gendarmerie, qui sera confirmée et poursuivie. Là encore, dans les commissariats et les gendarmeries, il y a trop de procédures administratives. Nous les réduirons méthodiquement, afin d’augmenter le temps de présence des forces de l’ordre sur la voie publique.
La lutte implacable contre le trafic de drogue, la criminalité organisée et l’économie souterraine qui gangrènent nombre de territoires urbains et ruraux, sera aussi une priorité du Gouvernement.
Ugo Bernalicis
C’est fini, ça ! Il y a eu l’opération Place nette !
Michel Barnier, Premier ministre
Si nous les avons bien entendus, les Français s’attendent à des sanctions rapides, quand elles sont justifiées. Nous devons nous attaquer de manière volontariste à la réduction des délais de jugement, en particulier pour les mineurs. Nous reprendrons la discussion sur la création d’une procédure de comparution immédiate pour les mineurs délinquants de plus de 16 ans déjà connus de la justice et poursuivis pour des actes graves d’atteinte à l’intégrité physique des personnes. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe DR. – Exclamations sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
Nous poursuivrons la réflexion sur les atténuations de l’excuse de minorité. Il faut stopper la montée continue de la violence des mineurs, qui rend impossible la vie dans de nombreux quartiers. (Exclamations sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
Enfin, les Français demandent que les peines soient réellement exécutées. Il est nécessaire que les jugements soient respectés et que les peines soient exécutées sans être transformées, au risque, si ce n’est pas le cas, de faire perdre toute crédibilité à la réponse pénale. (Applaudissements sur les bancs des groupes DR et HOR.) C’est pourquoi nous proposons des peines de prison courtes et immédiatement exécutées pour certains délits. (Mêmes mouvements.)
Il nous faut également réviser les conditions d’octroi du sursis et limiter les possibilités de réduction ou d’aménagement de peine.
Ugo Bernalicis
Ça ne sert à rien ! Heureusement, vous n’aurez pas le temps de le faire !
Michel Barnier, Premier ministre
Nous prévoirons un recours plus important aux travaux d’intérêt général, aux amendes administratives et aux amendes forfaitaires délictuelles. Pour que ces amendes soient bien payées, nous recouvrerons de manière effective les retenues sur salaire ou sur les prestations sociales. (Applaudissements sur les bancs du groupe DR.)
Enfin, pour réaffirmer le rôle dissuasif de la sanction, nous devons construire des places de prison. (« Ah ! » sur plusieurs bancs du groupe RN.) La France compte actuellement 80 000 détenus pour environ 62 000 places. Ce nombre est très insuffisant. J’ajoute, parce que ce sujet m’intéresse, qu’il nuit à la dignité des conditions de détention. (« Ah ! » sur les bancs du groupe LFI-NFP.) Il est donc urgent de construire de nouvelles places de prison, effort qu’ont déjà engagé les gouvernements précédents.
Pierre Cordier
De manière insuffisante !
Michel Barnier, Premier ministre
Devant l’ampleur du chantier, il faut aussi diversifier les solutions d’enfermement ou de surveillance effective en fonction du profil de la personne détenue et de la peine prononcée, notamment pour les mineurs délinquants. À ce titre, je suis favorable à la création de nouveaux établissements pour les courtes peines.
D’une manière générale, la fermeté de la politique pénale demandée par les Français est indissociable du respect de l’État de droit (Exclamations sur les bancs du groupe LFI-NFP)…
Plusieurs députés du groupe LFI-NFP
Et M. Retailleau est d’accord ?
Michel Barnier
…et des principes d’indépendance et d’impartialité de la justice, auxquels je suis profondément et définitivement attaché. (Applaudissements sur les bancs du groupe EPR et sur quelques bancs des groupes SOC et GDR.)
Le quatrième chantier est celui d’une politique de maîtrise de l’immigration. Il est urgent de sortir l’immigration de l’impasse idéologique où l’ont mise les uns et les autres. Un jour, dans un moment d’utopie, j’ai même imaginé qu’on pouvait en faire un sujet d’intelligence nationale.
Hadrien Clouet
Houlà !
Michel Barnier, Premier ministre
Ce sujet, qui ne laisse personne indifférent, doit être traité avec dignité et gravité, au lieu d’être instrumentalisé dans des controverses inutiles.
Alexis Corbière
Vous n’êtes pas gentil avec M. Retailleau ! (Sourires.)
Michel Barnier, Premier ministre
Nous devons regarder la question de l’immigration avec lucidité et l’affronter avec pragmatisme. L’an dernier, 2,5 millions de visas ont été accordés à des ressortissants étrangers. Chaque année, plus de 150 000 demandes d’asile sont enregistrées, dont les deux tiers en moyenne sont rejetés. Chaque année, plus de 100 000 obligations de quitter le territoire français (OQTF) sont prononcées, mais des dizaines de milliers de migrants en situation irrégulière se maintiennent indûment sur notre territoire.
Nous ne maîtrisons donc plus de manière satisfaisante notre politique migratoire. En conséquence, nous n’atteignons plus notre objectif – je dirais même notre devoir républicain – d’intégration.
Le Gouvernement travaillera à un traitement plus efficace – et de proximité – des demandes d’asile, afin que les demandeurs obtiennent rapidement une décision. Nous proposerons de faciliter la prolongation exceptionnelle de la rétention des étrangers en situation irrégulière, afin de mieux exécuter les obligations de quitter le territoire français. (Applaudissements sur les bancs du groupe DR.)
Pierre Cordier
Eh oui ! Il faut une solution !
Michel Barnier, Premier ministre
Nous voulons aussi mieux contrôler nos frontières. (« Ah ! » sur les bancs du groupe RN. Le nouveau pacte européen sur la migration et l’asile a été récemment adopté après de longs débats au Parlement européen et au Conseil des ministres de l’Union européenne – je remercie M. Darmanin pour son engagement sur le sujet. (Applaudissements sur les bancs du groupe EPR et sur quelques bancs du groupe Dem.)
Mme Andrée Taurinya
Le RN s’est félicité de ce texte !
Michel Barnier, Premier ministre
Ce pacte prévoit de maîtriser les flux en opérant les contrôles aux frontières extérieures de l’Union européenne. C’est là que l’on décidera si une personne est en droit ou non d’entrer sur le territoire de l’Union européenne au nom du droit d’asile.
Plusieurs députés du groupe RN
Non !
Hervé de Lépinau
Vous avez désarmé Frontex !
Michel Barnier, Premier ministre
Ce pacte doit être mis en place sans délai, mais aussi être complété en redonnant à Frontex sa mission première de garde-frontière de l’Union européenne. Dans cet esprit, nous devons être impitoyables avec les passeurs et les trafiquants…
Julien Odoul
Et les ONG !
Michel Barnier, Premier ministre
…qui exploitent la misère et le désespoir, au prix de la vie de milliers de migrants en Méditerranée ou dans la Manche.
Hervé de Lépinau
En matière de politique migratoire, vous avez été pitoyables !
Michel Barnier, Premier ministre
Enfin, la France continuera, aussi longtemps que nécessaire, à rétablir des contrôles à ses propres frontières, comme le permettent les règles européennes, et comme l’Allemagne vient de le faire. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe DR. – Exclamations sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
Emmanuel Fouquart
Comme quoi, c’est possible !
Michel Barnier, Premier ministre
Les Français nous demandent aussi de trouver des solutions avec les pays d’origine et de transit. Le Gouvernement ne s’interdira pas de conditionner davantage l’octroi de visas à l’obtention de laissez-passer consulaires nécessaires aux reconduites à la frontière. (Mêmes mouvements.) Nous poursuivrons les discussions déjà engagées avec les pays concernés par des accords bilatéraux conclus de longue, parfois de très longue date, lorsqu’ils ne correspondent plus aux réalités d’aujourd’hui.
C’est en appliquant ces mesures strictes de maîtrise de l’immigration que nous serons mieux en mesure d’atteindre notre objectif : intégrer dignement celles et ceux que nous choisissons d’accueillir, en leur ouvrant plus rapidement l’accès à un titre de séjour, à l’apprentissage du français, à un logement et à un emploi.
Je veux enfin évoquer un dernier chantier : notre pays a besoin de plus de fraternité. (Applaudissements sur quelques bancs des groupes EPR, DR, Dem, HOR et LIOT.)
La formidable réussite des Jeux olympiques et paralympiques de Paris a encouragé la pratique sportive, qui est une des clés pour soutenir le moral individuel et collectif des Français, l’apprentissage des règles du jeu, l’acceptation de l’autre ainsi que pour améliorer la santé de nos concitoyens.
Au-delà des belles cérémonies et des médailles françaises, la plus grande réussite de ces Jeux a été aussi de changer notre regard sur le handicap. Tous ces athlètes paralympiques nous ont rendus fiers. (Applaudissements sur quelques bancs des groupes EPR, DR et Dem.)
L’une des priorités du Gouvernement sera de maintenir cet élan pour résoudre les inégalités qui demeurent, pour renforcer la scolarisation, l’accessibilité des transports et de l’espace public, et combattre les discriminations à l’embauche.
La fraternité, c’est renouer avec une politique familiale (Exclamations sur les bancs du groupe LFI-NFP), soutenir toutes les familles, en particulier les familles monoparentales (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe DR), combattre aux côtés de tant d’associations, avec la plus grande énergie, la pauvreté qui progresse à nouveau dans nos villes et dans nos campagnes. La fraternité, c’est encourager le bénévolat et la vie associative qui font reculer l’isolement et la solitude, et apportent tant de générosité à notre pays. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe EPR et DR. – M. Molac applaudit.)
Tous les ministres qui le pourront, à commencer par celui chargé du sport et de la vie associative, mais aussi ceux de la ruralité, de l’environnement, de l’éducation et de l’intérieur, s’attacheront à valoriser un volet « bénévolat » dans leurs actions.
La fraternité, c’est aussi développer une politique culturelle accessible à tous, notamment aux jeunes, dans tout le territoire : l’accès à la culture est à la fois un facteur essentiel d’ouverture personnelle, une condition pour faire progresser l’égalité des chances et l’un des ciments de notre lien social.
Autre formidable chantier culturel : la sauvegarde, l’entretien et la valorisation de notre patrimoine, dans tous les villages comme dans les plus grandes villes,
La fraternité, c’est aussi tisser davantage de liens entre les générations.
Mme Clémence Guetté
Il faut un budget pour cela !
Michel Barnier, Premier ministre
La cohabitation intergénérationnelle, qui aide beaucoup de jeunes à se loger tout en aidant les plus âgés à vivre chez eux le plus longtemps possible, doit être développée.
Enfin, être fraternel, c’est savoir accompagner les personnes en fin de vie.
Je sais l’engagement et le travail de beaucoup d’entre vous dans ce dossier grave, sur lequel les opinions étaient partagées. Nous reprendrons en début d’année prochaine le dialogue avec vous, avec le Sénat, avec les soignants et les associations, sur le projet de loi dont l’examen a été interrompu par la dissolution. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe EPR.)
Et, sans attendre, nos efforts en faveur du développement des soins palliatifs seront renforcés dès 2025.
Olivier Falorni
Ça fait des années qu’on attend !
Michel Barnier, Premier ministre
Mesdames et messieurs les députés, j’ai évoqué une double exigence, celle de diminuer la dette financière et la dette écologique ; une méthode, fondée sur le dialogue et le respect ; et cinq chantiers – il y en a bien d’autres. Cette feuille de route doit nous permettre de répondre sincèrement et sérieusement à une partie des défis de notre pays.
Il me reste à mentionner un impératif conforme à notre histoire, à notre géographie, à notre culture, à notre belle et grande langue, à nos intérêts, aussi : celui de tenir compte du monde qui nous entoure – un monde de plus en plus dangereux, instable, fragile – et d’y être influents. Les responsabilités que j’ai assumées à Bruxelles, non seulement dans le cadre des négociations sur le Brexit mais en tant que commissaire européen, m’ont convaincu que l’influence française ne tombe pas du ciel. Elle ne se décrète pas : elle se cultive, elle se construit, pas à pas, jour après jour. Je salue à ce titre les 3 millions de nos compatriotes vivant à l’étranger, qui incarnent cette influence dans tous les pays du monde.
L’influence française se construit patiemment, en défendant nos intérêts, sans arrogance, et en prêtant de l’attention à tous nos partenaires, quels qu’ils soient. Il y a 27 pays dans l’Union européenne : tous, grands ou petits, ont une valeur ajoutée et doivent être respectés.
Depuis 1950, la France et l’Europe vont ensemble, et la France a un rôle majeur à jouer pour continuer de faire changer l’Europe. Ces dernières années, l’Union européenne a – enfin ! – progressé en matière de politique industrielle, qui n’est plus un gros mot, de souveraineté technologique, de sécurité économique, de défense ou de lutte contre la concurrence déloyale.
Il reste bien des choses à faire bouger en Europe, pour accélérer la transition écologique en veillant à l’acceptabilité sociale et économique et à la réciprocité environnementale de nos échanges commerciaux ; pour investir de façon innovante et massive dans les secteurs du numérique, de la santé, de l’espace, de la défense.
Pour la première fois, sous l’impulsion du chef de l’État et de la chancelière allemande, des pays européens ont décidé d’emprunter massivement ensemble, à hauteur de 750 milliards d’euros, pour investir ensemble. Ce n’est pas rien ! (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes EPR et Dem.)
Sylvain Maillard
Il a raison !
Michel Barnier, Premier ministre
Notre influence en Europe dépend aussi de vous, députés de la nation. Il faut que vous soyez précisément et objectivement informés de ce qui se fait à Bruxelles, et je demanderai aux députés européens ainsi qu’aux ministres de mon gouvernement de venir régulièrement vous rendre compte des négociations qu’ils mènent sur le plan européen, mais aussi, si vous le souhaitez, de vous aider à organiser des débats publics sur les textes les plus importants, au sein de cette assemblée comme dans vos circonscriptions.
Jean-Philippe Tanguy
On ne vous a pas attendu !
Michel Barnier, Premier ministre
Tant mieux !
La France doit tenir son rang en Europe. Elle doit aussi continuer à porter une voix singulière dans le monde où notre capacité à prendre des initiatives est reconnue et respectée par nos partenaires. Sous l’impulsion du Président de la République, et avec les ministres de l’Europe et des affaires étrangères, nous continuerons à agir au service de la paix, de l’influence française et de la sécurité en Europe et dans le monde.
Mesdames et messieurs les députés, la France restera aux côtés du peuple ukrainien. (Applaudissements sur les bancs des groupes EPR, SOC, DR, ÉcoS, Dem et HOR.) Deux ans et demi après l’agression russe, les Ukrainiens continuent avec courage de se battre – et, souvent, de mourir – pour défendre leur souveraineté et leur liberté, pour faire respecter l’intégrité territoriale de leur pays mais aussi pour défendre les valeurs européennes que nous avons en partage.
La France restera également active au Proche et au Moyen-Orient. Quelques jours avant le triste anniversaire du 7 octobre, nous pensons à toutes les victimes des attaques terroristes du Hamas. Nous pensons à tous les otages dont nous exigeons la libération et, parmi eux, à nos compatriotes. (Applaudissements.)
Nous pensons aussi à toutes les victimes civiles palestiniennes. (Mêmes mouvements.) Cette violence n’a que trop duré.
Thomas Portes
Arrêtez de donner des armes à Israël !
Michel Barnier, Premier ministre
Voilà pourquoi la France appelle et continuera d’appeler à un cessez-le-feu à Gaza. (Applaudissements sur de nombreux bancs.)
Au-delà de cette tragédie, nous savons qu’à long terme, la clé de la paix et de la stabilité dans cette région – j’y ai pris part lorsque j’ai eu l’honneur d’être ministre des affaires étrangères, en me rendant à Ramallah, à Gaza et naturellement à Tel-Aviv – repose sur une solution à deux États (Mêmes mouvements)
L’aggravation de la situation au Liban, pays si cher à la France, et que je connais bien, exige notre pleine mobilisation avec nos partenaires de la région, les États-Unis et les pays européens, pour faire cesser au plus vite les hostilités qui menacent gravement la stabilité de la région.
Un député du groupe LFI-NFP
Et on fait quoi ?
Michel Barnier, Premier ministre
Je rappelle que 20 000 de nos compatriotes vivent au Liban et que nos soldats y sont déployés au sein de la Finul, la Force intérimaire des Nations unies au Liban.
Face à ces conflits, face à l’instabilité persistante et grave tout autour de nous, face à toutes les menaces hybrides, l’effort de défense est évidemment nécessaire et doit être poursuivi. (Exclamations sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
C’est le sens de la loi de programmation militaire pour les années 2024 à 2030 que nous mettrons en œuvre.
Thibault Bazin
Très bien !
Michel Barnier, Premier ministre
Poursuivre cet effort de défense, cette solidarité, c’est aussi exprimer la reconnaissance de la nation aux militaires, en pensant aux 26 000 hommes et femmes déployés sur tous les théâtres d’opérations. (Applaudissements.)
Nous n’oublions aucun des militaires morts ou blessés en opération. J’ai une pensée particulière pour les 58 parachutistes français tués il y a quarante et un ans à Beyrouth. (Mmes et MM. les députés et les membres du Gouvernement se lèvent et applaudissent.)
Madame la présidente, j’en termine enfin. Voilà la feuille de route que je vous propose pour les deux années et demi qui sont devant nous.
Un député du groupe LFI-NFP
Sauf si nous votons la motion de censure !
Mme Ségolène Amiot
Il faudrait voter la confiance pour cela !
Michel Barnier, Premier ministre
J’ai conscience des difficultés – des « épines », comme l’a dit M. Chassaigne – qui se dressent ici et là. Mais j’ai confiance en notre capacité collective à franchir les obstacles, et, si vous le souhaitez, puisque la clé est entre vos mains, à avancer pas à pas pour apaiser les tensions et redonner espoir aux Françaises et aux Français.
Éric Coquerel
Pourquoi refusez-vous le vote de confiance ?
Michel Barnier, Premier ministre
J’en appelle à toutes les formations politiques qui composent cette assemblée, et à chacune et chacun d’entre vous qui représentez le peuple français. Devant l’urgence de la situation, et pour l’avenir, recherchons des chemins communs, dégageons des compromis, relevons la ligne d’horizon.
Un dernier mot : prenons soin de la République, elle est fragile. (Applaudissements sur les bancs des groupes EPR, DR, Dem et HOR.) Prenons soin de l’Europe : elle est nécessaire. (Mêmes mouvements.) Prenons soin ensemble de la France et des Français : ils nous demandent – je l’entends tous les jours sur le terrain – de dépasser nos divisions, nos querelles, d’agir dans l’intérêt supérieur du pays. (Mêmes mouvements.) Les Français méritent notre engagement. (Les députés des groupes EPR et DR se lèvent et applaudissent. – Applaudissements sur les bancs des groupes Dem et HOR. – Les députés du groupe LFI-NFP brandissent leur carte électorale.)
https://www.assemblee-nationale.fr
D.V.
« précédent | suivant » |