Musée du Chateau d'Argent

Journal décembre 2024

L  A      V  O  I  X      D  A  N  S      L  E      D  E  S  E  R  T
Mensuel gratuit du Château d’Argent.
N °  7 1    -    Décembre   2 0 2 4
 
Réflexions sur la « chienlit » des partis.
 
Il n’y a que peu d’aides pour la culture. Sauf pour ce qu’on appelle « culture », et qui ne l’est pas.
Les thèmes que je choisissais mois après mois, étaient trop sérieux pour être traités en diagonale et en une page. La publication de La Voix… me coûtait entre deux cents et trois cents euros tous les mois, depuis sept ans.
J’avais donc, début novembre 2024, décidé de l’arrêter pour des raisons d’économie.
Mais depuis, tant de réflexions me sont venues à l’esprit, suscitées par l’actualité et la lecture de nouvelles parutions, que je ne puis m’empêcher, à présent, de vous en faire part.
Des « Réflexions » apparaissaient sur notre site : museechateaudargent.com depuis quelques années déjà. Maintenant il serait bon que les nouvelles soient publiées.
Elles occuperont moins de pages que des exposés approfondis et ne seront peut-être pas moins intéressantes.
Je lancerai donc mes bouteilles à la mer. Partageons la réflexion.

En ce mois de décembre, une semaine après la chute du gouvernement Barnier, c’est une peine profonde et pas seulement une idée que je veux partager avec vous.
Michel Barnier était un homme mûri par l’expérience de la politique, sérieux et sincère. Il avait sans doute passé nombre de nuits blanches à démêler l’écheveau du chaos financier dans lequel ses prédécesseurs avaient plongé la France. Il a essayé de trouver des solutions. Elles faisaient mal, forcément. Il ne pouvait en être autrement. Et je voudrais mettre au défi n’importe quel parti de trouver, pour apurer cette dette, des remèdes qui ne soient pas douloureux.
Mais il fallait du temps au nouveau premier ministre, non seulement pour convaincre l’opinion et les partis du bien-fondé de ses mesures, mais aussi pour faire germer les premiers résultats. Ce temps, on ne le lui a pas laissé. Or, « ce qui est fait sans le temps, le temps le détruit ».
On ne refusait pas seulement de patienter, mais on refusait surtout le sacrifice. Il est certain qu’il faudrait renoncer à bien des avantages pour sortir le pays de la dette qui finira par l’engloutir. En France, pays de l’enfance, on veut tout et tout de suite. Ne renoncer à rien. Le mot de sacrifice doit être banni du vocabulaire. Ma tante Hélène, cultivatrice à Furdenheim, qui se levait à quatre heures du matin pour faire les écuries, me disait toujours : « On n’a rien sans peine ».
Rejet du sacrifice. Mais aussi rejet de l’entente, de la cohésion nationale ; de la « Fraternité » en somme. C’est issu d’une culture tricentenaire de la critique systématique et du pugilat verbal.
Je viens de relever le mot « Concordat » dans un livre sur le premier Empire. En 1801, 1802 et 1808, Napoléon avait voulu réunir trois confessions religieuses sous un seul chapiteau protecteur. Il faudrait aujourd’hui réunir tous les partis politiques en un Concordat.
Le Général de Gaulle ne cessait de déplorer, avant et après la guerre, le travail de sape des partis. Il quitte le gouvernement le 20 janvier 1946, et il écrit dans ses Mémoires de Guerre : « Je reconnus qu’il serait vain et même indigne d’affecter de gouverner, dés lors que les partis, ayant recouvré leurs moyens, reprenaient leurs jeux d’antan. » (Tome III, éd. Plon, 1959, p. 279).
Depuis la Révolution, la France s’est fracassée contre l’écueil des partis politiques. En 1939, ils ont fait couler le bateau. Il pourrait couler de nouveau, quel que soit le premier ministre, parce qu’il y aura toujours une mesure qui suscitera le mécontentement et la censure. Personne ne voudra renoncer à avoir raison. Personne ne voudra sacrifier ses positions à l’effort de compréhension des positions adverses.
A la fin de mon livre sur l’abbé Jenn, autonomiste alsacien, prisonnier au Struthof français, j’ai écrit qu’il faut essayer de comprendre pourquoi l’autre pense ceci ou cela : quelle est la cause des effets.
Essayer de comprendre : il faudra, si nous ne voulons pas sombre, que ce soit une nouvelle étape dans la politique française, et même une nouvelle ère de l’humanité.
Joyeux Noël. Joyeuse fête de la Bienveillance ! Je choisis ce mot, car il est plus explicite que celui de « Fraternité ».
D. Vincent.
 
L A   P H R A S E   D U   M O I S :
« Il y a deux conceptions de la vie politique : la conception ancestrale et traditionnelle, sacrificielle, établie sur le temps long, et la conception post-moderne, qui s’est déployée avec l’hédonisme consumériste. Celle-ci est établie sur le temps court ».
Philippe de Villiers : Mémoricide (Ed. Fayard, 2024, p. 52).
Château d’Argent :   Comprendre pour s’entendre .
 
 
La Voix dans le Désert. Mensuel gratuit du Château d’Argent.
Directrice de publication : Danielle Vincent.
Editions du Château d’Argent, 185 rue de Lattre de Tassigny, 68160 Ste Marie-aux-Mines.
Mise en page et impression : ZAPA Informatique.
ISSN : 2650-7225.
Dépôt légal : 4e trimestre 2024.