Musée du Chateau d'Argent

Février 2O18 - Réflexions bibliques

 

Château d’Argent
 
Formations continues:  février 2018
 
Réflexions bibliques
 
Matthieu 6 / 13 (Luc 11 / 4) :
 
Le verbe grec « phérô » a deux sens : il peut signifier « charger » ou « conduire ».
Le terme grec « peirasmos » veut dire l’épreuve, l’expérience, l’examen qui révèle ce dont on est capable.
 
On peut donc traduire ainsi :
« Ne nous charge pas d’une épreuve, mais délivre-nous du mal . »
 
Ou encore :
« Ne nous conduis pas dans l’adversité, mais délivre-nous du mal. »
 
Dans l’histoire d’Israël, il arrive que Dieu charge son peuple d’épreuves et le conduise dans l’adversité :
L’épreuve peut prendre la forme d’un châtiment, d’une correction à cause de l’infidélité du peuple : par exemple Psaume 6 / 2 : « Seigneur, ne me punis pas dans ta colère, et ne me châtie pas dans ta fureur. » ; Proverbes 3 / 12 : « Le Seigneur châtie ceux qu’il aime » ;
Exode 32 / 35 : « L’Eternel frappa le peuple parce qu’il avait le veau fabriqué par Aaron ».
 
L’épreuve peut aussi prendre la forme d’une bénédiction : quand Dieu conduit le peuple au désert ( Psaume 136 / 16 : « Celui qui conduit son peuple dans le désert, Car sa miséricorde dure à toujours. » ; Amos 2 / 1O : « Et pourtant, je vous ai fait monter du pays d’Egypte, et je vous ai conduit quarante ans dans le désert, pour vous mettre en possession du pays… » ;
Osée 2 / 16 : « Voici je veux l’attirer et la conduire au désert, et là je parlerai à son cœur » ).
 
L’épreuve la plus symbolique, en Israël, est bien celle du désert. C’est le lieu de la rencontre avec Dieu, de la fidélité ou de la révolte, de la prise de conscience de sa faiblesse et de la grâce. L’Esprit de Dieu transporte Jésus au désert pour éprouver sa fidélité, comme on passe un examen avant de commencer une mission (Matthieu 4 / 1-11).
 
L’épreuve permet à l’homme de se connaître, de savoir ce qu’il « a dans les reins ».
 
Mais dans la prière de Matthieu 6 / 13, il ne s’agit pas d’une épreuve positive. On demande, au contraire, l’éloignement d’une épreuve négative, qui ressemble à un châtiment. Et c’est bien dans le sens du Psaume 6 / 2 (ci-dessus), qu’il faut comprendre cette prière : « Et ne nous punis pas selon nos fautes, ne nous charge pas de ta colère, mais délivre nous du mal, de notre mal, le mal que nous faisons et qui attire ton châtiment ».
 
Voici donc comment il faudrait traduire ce verset :
« Notre Père qui es aux cieux (…), ne nous charge pas de ton châtiment, mais soulage-nous du mal ».
 
Il n’y a, dans ce texte, aucune connotation de « tentation » charnelle, comme on l’a interprétée depuis des siècles. Il ne doit pas non plus être compris comme si Dieu nous « induisait » en erreur, nous « soumettait » au péché. On demande simplement qu’il ne nous soumette pas à une juste rétribution, mais nous fasse miséricorde. C’est, au fond, une prière qui implore la grâce du Seigneur.
D.V.