Musée du Chateau d'Argent

Journal juillet 2022

Mensuel du Château dArgent - N° 41 - Juillet 2022  

SIGMUND FREUD : LAvenir dune Illusion.
(Die Zukunft einer Illusion.)
 

On ne peut pas dire qu’il y a des étapes importantes dans la rédaction des œuvres de Freud. Tout est donné dès ses premières études sur l’Hystérie (1895), alors que Freud est médecin à Vienne. Chacun des écrits suivants va reprendre et développer les thèmes fondamentaux, comme une fleur qui s’ouvre et déploie peu à peu ses pétales, alors que tout était déjà présent dans le bouton.

C’est pourquoi il nous semble indifférent de parler d’œuvres plus ou moins récentes sur l’échelle du temps, et de ne pas suivre forcément la chronologie de ses publications.
 
Voici donc un traité sur la religion : LAvenir dune illusion. Il paraît en 1927, deux ans avant Le Malaise dans la Culture, que nous avons exposé dans La Voix… n° 40, de juin 2022.
 
Les thèmes principaux du Malaise dans la Culture sont déjà présents dans les trois premiers chapitres du présent ouvrage :
La nécessité de la culture pour la mémoire de l’Humanité : « Moins quelquun en sait sur le passé et le présent, plus son jugement sur lavenir doit finir par être incertain » (1) ; la définition de la culture : « (Par) Culture humaine, jentends tout ce en quoi la vie humaine sest élevée au-dessus de ses conditions animales » (2), ce qui embrasse tout le savoir et le savoir-faire, et régit les relations entre les hommes ; le malaise humain provoqué par la Culture : elle devient l’arme d’une minorité contre une majorité récalcitrante, et elle impose à l’individu à la fois discipline, contrainte au travail, limitation de liberté et sacrifices, qui font que « chaque individu est virtuellement un ennemi de la culture » (3) .
Ainsi, la culture est quelque chose d’artificiel qui s’oppose aux dispositions naturelles des hommes. Les tendances humaines ne sont pas forcément positives, mais plutôt destructrices et antisociales ; ce sont les fameuses pulsions de meurtre, d’inceste et de cannibalisme (4) que Freud avait caractérisées dans Totem et Tabou, en 1913.
A cause de ses côtés négatifs, la culture a besoin que la masse soit dominée par une minorité intelligente et exemplaire, car « les masses sont inertes et sans discernement, elles naiment pas le renoncement aux pulsions » (5). Cette minorité ne doit pas chercher à plaire à la masse, mais à cultiver son indépendance.
Les pulsions dont nous avons parlé étant déjà présentes dans l’enfant à sa naissance, c’est dès l’enfance qu’il faut éduquer les hommes à la culture. Mais, en dépit de tous ces efforts, une grande partie de l’humanité restera toujours asociale. « Mais si lon parvient à ramener à une minorité la majorité daujourdhui hostile à la culture, on aura atteint beaucoup, et peut-être tout ce quil est possible datteindre » (6).
 
On glisse ici du niveau social au niveau psychologique. La culture impose à l’individu des frustrations, des interdits et des privations : « Nous appellerons frustration le fait quune pulsion ne peut être satisfaite ; interdit le dispositif qui fixe cette frustration, et privation létat entraîné par linterdit » (7).
L’asociabilité, qui est la réaction à ces frustrations, est la névrose.
Les désirs pulsionnels demeurent en l’homme dès l’enfance, et sont toujours agissants depuis le début de l’humanité. Ce qui peut nous surprendre, en effet, c’est que Freud estime que le cannibalisme n’est toujours pas surmonté.
Sous l’effet de la culture, la psychè humaine a subi des développements et des progrès. Ses progrès sont dus à lintériorisation des contraintes extérieures (8). Cette intériorisation crée ce que l’auteur appelle le « surmoi », à savoir ce qui domine et contraint notre « moi ».
Le surmoi, qui est l’allié de la culture, transforme alors l’hostilité en disposition favorable à la culture. Le surmoi devient un « fonds culturel psychologique de la plus haute valeur », et les personnes qui ont subi cette transformation deviennent porteuses de culture (9).
Or, la force que doit développer le surmoi dépend de la puissance des pulsions à surmonter. Le surmoi ne sétend pas forcément à toutes les pulsions : « Un nombre infini dhommes culturels, qui reculeraient de terreur devant le meurtre et linceste, ne se privent pas de satisfaire leur cupidité , leur désir dagression et leurs envies charnelles, ne sabstenant pas de nuire aux autres par le mensonge, la tromperie et la calomnie, sils peuvent, ce faisant, demeurer impunis » (10).
Il est un cas où les contraintes de la culture ne seront pas intériorisées : c’est celui de la lutte des classes. Lorsque la société méconnaît le travail d’une certaine classe sociale, ces opprimés développent « une hostilité intense à légard dune culture quils rendent possible par leur travail » (11). Ils tendront alors à détruire la culture elle-même. Freud est resté sensible à ce qui s’est passé en Russie. Il se demande si l’expérience éducative de la Russie socialiste est finalement concluante : « Il est inutile de dire quune culture qui laisse insatisfaite un si grand nombre de participants et les pousse à la révolte na aucune perspective de se maintenir durablement et elle ne le mérite pas non plus » (12) .
L’idéal culturel n’est pas seulement de satisfaire les besoins matériels de la société. Il est aussi d’ordre artistique et idéologique, bien que ces domaines soient réservés à une élite.
Mais, quel qu’il soit, il procure fierté et satisfaction. Il peut basculer dans le sens négatif, par l’émulation qu’il suscite avec des groupes alors considérés comme rivaux : « De cette façon, les idéaux culturels deviennent loccasion de se diviser et de devenir ennemis, comme on le voit parmi les nations » (13).
Le domaine des idées, dans la culture, est occupé, nous dirions « investi » en grande partie par la religion. C’est « la part peut-être la plus significative de linventaire psychique dune culture » (14). Freud n’hésite pas, dès l’abord, à la qualifier d’ « illusion ».
 
Ce n’est qu’au chapitre trois qu’il aborde le sujet de la religion.
Et il la relie de suite aux interdits de la culture. Sans les différentes interdictions, ce serait pour les hommes la liberté, mais dans la barbarie :  chacun ayant exactement les mêmes désirs que moi, « ne mépargnera pas plus que je ne lépargne » (15). Aspirer par conséquent à une suppression de la culture serait une politique à courte vue, car cet état serait encore plus dur à supporter. On peut prétendre qu’on laisserait alors faire la nature, comme chez les animaux sauvages, mais la nature a également ses lois et ses contraintes, souvent impitoyables. L’être humain les ressent durement aussi, et voudrait s’efforcer de dominer la nature : pour Freud, ceci restera aussi toujours une illusion .
Que ce soit par la culture, par la nature ou par ses semblables, lhomme est agressé de toutes parts, et placé en état danxiété et dinfériorité.
Il a cependant trouvé un moyen de le surmonter, et c’est par la religion. Elle lui procure du réconfort et une illusion de sagesse.
Or, ces terreurs, l’être humain les connaît depuis sa prime enfance. Sa quête de sécurité et de chaleur maternelle ne le quittera jamais, comme nous l’avons vu le mois précédent (16). Et son modèle parental non plus.
Il va donc inconsciemment reproduire les personnages et le scénario, et mettre en place un père, une mère, et une sécurité affective dans sa vie d’adulte.
Ce sont d’abord les forces écrasantes de la nature qui revêtiront le rôle du père dominateur. L’être humain va les diviniser au même titre qu’il avait considéré, enfant, le père comme un dieu (17). On remarquera, dans toute la dissertation freudienne, que l’auteur connaît trop peu les religions pour être crédible. Juif lui-même, il ne connaît pratiquement rien du Judaïsme, ne semble jamais faire référence aux textes bibliques (encore faudra-t-il voir cela dans l’ensemble de son œuvre), et connaît tout aussi mal le Christianisme et ses écrits.
Les dieux (18) ont une triple mission : protéger contre les terreurs suscitées par les éléments naturels, relativiser la mort, (19) et dédommager des épreuves de l’existence.
Le sentiment d’impuissance contre des forces écrasantes a été ressenti très tôt, dès la naissance, et ne peut jamais être surmonté. Il confère à l’être humain la conscience d’une entité paternelle supérieure et personnelle, dure et pourtant secourable, qui lui a, dès l’origine, imposé sa volonté et ses lois. Une autre objection que nous pourrions faire ici, après celle de la persistance du monothéisme personnel (20), c’est, qu’en réalité, ce n’est même pas le père qui est, pour l’enfant, le premier contact contraignant et sécurisant, mais la mère. Plusieurs religions primitives vénèrent la divinité maternelle et féminine. Il y a aussi les religions où la divinité masculine et paternelle prend des allures maternelles, comme dans le Judaïsme (21) ; inversement, la femme biblique est volontiers revêtue de qualités et fonctions masculines (22). On ne sait jamais si, chez Freud, c’est le primitif ethnique qui domine l’histoire de l’humanité, comme c’est le cas dans Totem et Tabou, ou bien l’expérience personnelle, existentielle et psychique de l’être humain.
 
Or, - et nous voici au troisième chapitre - si les représentations religieuses ne sont pas créées par l’individu, mais lui sont données et imposées par la civilisation, il faut bien reconnaître que l’être humain n’attend que cela : il a, en effet, présentes dans son psychisme, les structures d’accueil déjà formées par ses expériences d’enfant. La culture trouve, chez tout individu, un réceptacle aux représentations religieuses.
«Cest la nostalgie du père qui est la racine du besoin religieux » (23). Lorsqu’il personnifie ses dieux, l’être humain suit un modèle infantile qui lui est tout à fait naturel. Nous pouvons ne pas être d’accord avec l’hypothèse que c’est le père qui est sublimé, alors qu’en réalité ce devrait être la mère. Il y a ici une articulation assez incompréhensible chez Freud, et qui pourrait s’expliquer par son antiféminisme (24)
Mais voici que nous nous trompons encore : car, dans Totem et Tabou, la première forme qu’avait prise la divinité protectrice, était la forme animale (25). L’animal était le totem qu’il était interdit de tuer et de consommer sauf dans une situation exceptionnelle.
Père, mère, animal : quelle était, au fond, la référence primitive de l’humanité ?
C’est sans aucun doute, la mère. Freud l’affirme clairement à présent, à la fin du chapitre quatre : « La libido suit les voies des besoins narcissiques et sattache aux objets qui en assurent la satisfaction. La mère, qui satisfait la faim, devient ainsi le premier objet damour et certainement aussi la première protection contre tous les dangers qui menacent lenfant dans le monde extérieur ; elle devient la première protection anti-peur » (26).
Mais - et voici que notre auteur fait la pirouette qui le remet debout sur ses anciens postulats - « la mère est bientôt relayée dans cette fonction par le père, plus fort » (27) .
Cependant, alors que la mère offrait la sécurité absolue, le père, lui, peut devenir un danger : « Ainsi, on ne le craint pas moins quon néprouve à son égard nostalgie et admiration » (28)
L’enfant conçoit donc un sentiment ambivalent à l’égard du père, et il va le transposer plus tard sur son image de la divinité : ce sentiment sera à la fois une quête de protection et un sentiment de peur.
Cest de ce transfert que naît la religion : « La défense contre le désarroi infantile confère ses traits caractéristiques à la formation de la religion » (29).
Freud redit, dans le chapitre cinq, que les représentations religieuses sont imposées. Nul ne les élabore lui-même. Elles doivent être acceptées comme des lois. On dira que c’est aussi le cas dans d’autres domaines, notamment pour les matières scientifiques. A la différence que les lois de la science sont vérifiables et fondées, alors que les dogmes religieux n’ont objectivement aucune légitimité : « Les dogmes réclament foi en leurs contenus, mais sans fonder leur exigence » (30).
Et l’on essaie de se justifier en disant qu’il faut croire, parce que nos ancêtres y croyaient déjà ; ou parce qu’il y avait des preuves dans les anciens âges.
Mais de toute façon, il est défendu de demander des preuves, et c’est bien là ce qui est suspect : lEglise nous culpabilise de demander des preuves parce quelle est incapable den fournir. Qu’on essaie alors de légitimer la doctrine par la foi des ancêtres ou par leur ancienneté, ceci est sans valeur.
Lanalyse de la formation des écrits bibliques détruit le fondement scripturaire que se donne la religion (31) : « Les écrits portent eux-mêmes tous les caractères de labsence de fiabilité. Ils sont contradictoires, chargés de révisions, falsifiés ». Dire qu’ils proviennent d’une Révélation divine est un subterfuge,  car ce postulat est déjà un élément de la doctrine, aussi fantaisiste qu’elle. On ne peut même pas soustraire au doute une seule partie du système religieux.
Et voici la conclusion à laquelle on aboutit : « Les messages de notre fonds culturel, qui pourraient avoir la plus grande signification pour nous, et auxquels la tâche est assignée délucider les énigmes du monde et de nous réconcilier avec les souffrances de la vie, sont ceux précisément dont laccréditation est la plus faible de toutes » (32).
C’est ce qui fait que la religion cause un grand préjudice à l’humanité et au progrès : « Des hommes innombrables se sont torturés avec ces doutes quils voulaient réprimer, parce quils se faisaient un devoir de croire. Beaucoup dintelligences ont échoué sur ce conflit » (33)
Il y a eu des tentatives d’échapper à ce problème : le Credo quia absurdum, qui voudrait soustraire les doctrines religieuses à la raison. De même  lexpérience intérieure : elle ne peut être imposée comme règle de foi à ceux qui ne l’ont pas expérimentée, étant trop personnelle. On pourrait aussi essayer de « faire comme si » tout cela était vrai, puisque ce serait bénéfique à la société humaine (34). Or, ce serait une attitude forcée, mensongère et la plupart des gens ne voudraient pas de cet artifice.
Il est cependant étonnant que « malgré leur incontestable manque daccréditation, les représentations religieuses aient exercé sur lhumanité linfluence la plus forte de toutes » (35).
En quoi consiste donc la force intérieure de ces doctrines ?
Leur force est de répondre à un besoin psychique. Ne provenant ni de la raison, ni de l’expérience, elles sont des élaborations du psychisme humain, destinées à satisfaire les désirs les plus profonds et les plus anciens : comme nous l’avons dit, il s’agit du besoin de protection, de secours, de justice et d’espérance, toutes ces nostalgies gardées au fond du cœur depuis l’enfance : « Le secret de la force de ces doctrines est la force de ces désirs » (36). D’autres désirs viennent accompagner ces besoins fondamentaux : connaître l’origine du monde, définir le rapport entre l’âme et le corps.
Ces désirs ne sont pas forcément des erreurs, mais ce sont des illusions dans la mesure où, même légitimes, il n’est pas sûr qu’ils pourront être satisfaits. Peu nous importe si telle croyance est vraie ou fausse, l’essentiel c’est qu’elle nous promette l’apaisement.
Or, Freud ne nie pas que les illusions, même indémontrables pour le moment, pourraient un jour être scientifiquement prouvées. Mais tant qu’elles ne le sont pas, « personne ne peut être contraint de les tenir pour vraies et dy croire » (37). Evidemment, alors, la religion devient un terrain favorable à la malhonnêteté et aux mauvaises habitudes intellectuelles .
 
Le pasteur Pfister, qui est l’interlocuteur de Freud (38), lui objecte que, même si les doctrines religieuses peuvent être appelées des illusions, il n’en reste pas moins que notre culture est bâtie sur des structures religieuses. Imaginons que la majorité des hommes se détachent de la religion : la société humaine s’effondrera, dit-il ; ses freins ne seront plus qu’extérieurs, mais elle n’aura plus le frein de la conscience. De plus, la religion est pour l’individu la seule consolation. Les hommes, dit le pasteur Pfister, ne supportent la vie quà laide de la religion. La science ne pourra jamais satisfaire leurs besoins profonds (39) .
Mais, y aurait-on pensé ? « Il y a un danger plus grand pour la culture à maintenir son rapport actuel à la religion quà le défaire » répond Freud (40). C’est parce que la religion empêche la culture d’avancer, en mettant continuellement des entraves et en apposant des sanctions à la libre réflexion humaine.
Evidemment, tout le monde dira que la psychanalyse finit par détruire morale et religion. Mais c’est injuste, car la psychanalyse n’est qu’une méthode de recherche, un outil impartial, une science comme les mathématiques ou l’archéologie (41). Bien des collaborateurs de Freud ne partagent pas sa vision de la religion (42). Enfin, il faut bien reconnaître que les hommes n’ont pas eu besoin de la psychanalyse pour se détourner de la religion. Celle-ci na finalement jamais réussi à les rendre heureux, à les réconcilier avec la vie, à les rendre plus moraux et à en faire des porteurs de culture. « Elle a dominé pendant de nombreux millénaires la société humaine ; elle a eu le temps de montrer ce quelle pouvait faire » (43) .
Ici s’annonce Le Malaise dans la Culture de 1930 : « Quun nombre effrayant dhommes sont insatisfaits de la culture et y sont malheureux, quils la ressentent comme un joug que lon doit secouer », voilà le seul résultat de lhégémonie de la religion » (44).
Il y a un autre facteur qui a détaché l’homme de la religion : c’est linfluence de la science. Comme notre auteur l’a dit plus haut, les promesses de la religion ne paraissent plus crédibles, l’analyse des textes fondateurs a été décapante et a révélé des illusions. Les sciences ont définitivement relégué ces récits parmi les légendes. Et cela ne s’arrêtera pas : « Plus les trésors de notre savoir se font accessibles aux hommes, plus se répand labandon de la croyance religieuse » (45) .
A la science, n’est hostile que la grande masse des incultes et des opprimés (46). Ces populations deviendraient dangereuses pour la religion, si elles s’éveillaient à la critique et au savoir, et c’est pourquoi les autorités religieuses essaient de les en empêcher (47) .
 
Il faut donc revoir de fond en comble le rapport entre la culture et la religion. Le grand danger, en effet, ce n’est pas la disparition de la religion, mais bien le frein qu’elle représente pour la culture et le progrès de la science.
Les lois morales émises par la religion sont, aux yeux des croyants, absolues et sacrées. Ceci ne doit plus être le cas : on voit bien que les lois morales sont relatives, et changent selon les temps, les lieux et les civilisations. Certaines portent mal une auréole de sainteté. D’autres sont issues de préjugés, de peurs ou d’intérêts égoïstes. Beaucoup servent plutôt à dominer qu’à aider les hommes. « Il serait indubitablement avantageux de laisser Dieu tout simplement hors jeu et dadmettre honnêtement lorigine purement humaine de tous les dispositifs et prescriptions culturels » (48) .
Freud prend comme exemple l’interdiction de tuer. C’est, au départ, le meurtre du père qui a suscité une réaction négative et culpabilisante envers l’action de tuer. Le père a été l’image originelle de Dieu. Il faut bien comprendre que, pour Freud, la tentation de l’acte sacrilège de tuer le père n’est pas unique sur l’échelle du temps, mais existentielle : cette pulsion existe toujours en chaque individu et justifie la pérennité de l’interdiction du meurtre. L’auteur ne parle pas seulement de réminiscences historiques.
Si cette interdiction, et d’autres qui, avec elle sont codifiées, dirons-nous, dans les dix Commandements, se dressent devant tout homme depuis l’enfance, il faut bien admettre que l’être humain grandit dans un climat de conflit, donc de névrose. Le raisonnement ne suffit pas à le convaincre de renoncer à ses pulsions, et c’est là une chose qu’il est précieux de savoir pour l’éducation. En plus du raisonnement, il faut aux hommes une contrainte légale. Mais la barrière de la loi suscite la peur et le refoulement. Les névroses sont des actes de refoulement commandés par la peur.
Ce qui est vrai pour l’individu vaut pour toute l’humanité : le genre humain est sous lempire de la peur religieuse, du refoulement et du conflit intérieur (49). Par conséquent, plus la pression de la religion est forte, plus la déflagration est prévisible ; c’est donc la religion qui a inconsciemment provoqué les tueries de l’histoire, étant à l’origine de la névrose intérieure.
D’un autre côté, par ses interdictions, la religion permet à l’homme obéissant d’échapper au sentiment de culpabilité. Mais cela aussi est ambivalent : Freud affirme dans ses Propos sur la guerre que le sentiment d’être coupable persiste malgré tout, bien que sa cause en soit inconsciente, et justement parce qu’elle l’est (50) .
Il faudrait ainsi que le combat actuel mené par la culture contre la religion, devienne le combat de chaque individu contre la croyance religieuse. Qu’il s’écarte des dogmes, car ils ne sont en réalité que les symboles du conflit entre pulsions et interdits. Le traitement psychanalytique peut mettre fin à ce conflit : il permet de prendre conscience des nœuds intérieurs et de leurs racines, et de dénouer alors le filet dans lequel la personne se débat, prisonnière (51) .
De toute façon, la plupart des hommes reconnaissent que les dogmes sont incrédibles et farfelus. La porte de sortie est ouverte, et l’effort ne sera pas grand pour la traverser.
 
On pouvait objecter à Freud d’avoir publié par méchanceté cet écrit destructeur. Il fait état, dans ce neuvième chapitre, des objections du pasteur Pfister.
Celui-ci est convaincu que la raison ne pourra jamais triompher de la religion, car l’une et l’autre ne sont pas sur le même plan et la raison ne peut rien contre l’affectivité dont est empreint l’attachement à la religion. Les nations comme la France ou la Russie qui ont essayé de combattre la religion par la raison ont échoué. L’homme ne peut se passer de religion, dit le pasteur Pfister, et s’il tente de l’éliminer pour sortir de la névrose, il perdra encore davantage. En bon connaisseur de l’âme humaine, le pasteur constate que les hommes sont peu influencés par les arguments rationnels, ils sont bien plutôt dominés par leurs désirs et leurs pulsions.
Freud ne contredira pas à cela. Mais, dit-il, nous n’avons pas d’autre moyen de dominer notre caractère pulsionnel que lintelligence. De toute façon, le courant anti religieux va s’imposer : « Les hommes feraient lexpérience du déclin de linfluence religieuse, même si je ne publiais pas mon écrit » (52).
L’intelligence d’un enfant est tellement plus vive que celle d’un adulte, qu’on peut se demander si ce n’est pas justement l’éducation religieuse qui a abêti ce dernier (53). Il faudrait retarder le plus possible l’éducation religieuse car, en fait, l’enfant ne la demande pas : « On sert à lenfant des doctrines religieuses à une époque où il na ni intérêt pour elles ni la capacité de les concevoir » (54). Elles lui sont assénées. (55). « Et lorsque la pensée de lenfant séveille, les doctrines religieuses sont déjà devenues inattaquables » (56) .
Il y a, sur la pensée, plusieurs freins qui s’exercent dès l’enfance, et dont les femmes aussi sont victimes : le frein sexuel et le frein religieux, qui travaillent de concert.
Or, les compensations et consolations que la religion apporte à ces frustrations sont si importantes, qu’elles deviennent un véritable narcotique. Il sera difficile d’en désintoxiquer les croyants. C’est bien Marx qui revient ici.
Mais  celui qui ne souffre pas de névrose n’a pas besoin d’être anesthésié ; l’analgésique contre les douleurs de l’existence, l’homme non religieux n’en a pas besoin : il a d’autres ressources, et celui qui n’a pas été habitué à ce narcotique dès l’enfance peut très bien se passer de religion. Le seul dessein de Freud est donc «  léducation à la réalité », sans la béquille de lillusion (57) .
Le lecteur reçoit un coup de pied qui va le projeter dans la vie adulte. Avec Marx, voici Nietzsche pour lequel l’homme doit et peut se surmonter. La thèse centrale de Freud est alors la suivante : « Lhomme nest pas sans secours, sa science lui a beaucoup appris depuis les temps diluviens et elle accroîtra encore sa puissance » (58). Il écrit cela en 1927. Cent ans plus tard, la société pense qu’elle doit revenir en arrière, parce qu’au lieu de puissance, elle est prise au piège par sa science.
Freud donne ici à l’homme un modus vivendi, et jette les bases du matérialisme moderne :
« En ce qui concerne les grandes nécessités du destin contre lesquelles il nest point de remède, il apprendra à les supporter avec résignation. Que lui importe quon lui fasse miroiter la possession de grands domaines sur la lune ? En honnête petit paysan, il saura cultiver son petit lopin de terre pour que celui-ci le nourrisse. En retirant de lAu-delà ses attentes et en concentrant toutes ses forces affranchies sur la vie terrestre, il pourra vraisemblablement atteindre à ce que la vie devienne supportable pour tous et que la culture nopprime plus personne » (59) .
Mais voici que notre Méphisto, le pasteur Pfister, vient encore objecter qu’il n’est pas vrai qu’une éducation sans religion soit plus favorable au primat de l’intelligence sur la vie pulsionnelle. Car l’homme est religieux par nature, et le système religieux ne peut être remplacé par aucun autre semblable. Si on doit le considérer comme une illusion, la psychanalyse aussi peut être vue comme une illusion, de même que la philosophie. Et même si elle était une illusion, la religion serait en tout cas une illusion éprouvée, de grande valeur sentimentale, ce que n’est pas la toute nouvelle mode de la psychanalyse. Elle n’a, en effet, pas encore fait ses preuves et les gens n’éprouvent pas forcément d’attachement pour elle (60).
On attend maintenant la réponse de Freud :
Il faut dire d’abord que les « illusions » de la philosophie et de la psychanalyse ont l’avantage de ne pas être entachées de fanatisme, comme l’est la religion. Elles sont l’une et l’autre conscientes de leur imperfection et se laissent contredire ou corriger, ce qui n’est pas le cas de la religion. Cette dernière a, de ce fait, un « caractère délirant » ; elle est une illusion maladive. On peut la comparer à une névrose infantile que l’humanité pourra surmonter avec le temps et encore, c’est être bien optimiste que d’espérer cela. Prendre la défense de la religion est une cause perdue.
Tandis que la voix de l’intelligence, elle, finit toujours par se faire entendre : « Sur la durée, on ne peut résister à la raison et à la leçon de lexpérience. La religion est si contradictoire avec lune et lautre, quelle ne pourra pas, au bout du compte, leur résister » (61). On met ainsi en balance une illusion qui pourrait se dissiper petit à petit (mais ce n’est même pas sûr) et la science dont il est prouvé qu’elle n’est pas une illusion, même si elle a encore une infinité de choses à découvrir.
Nous trouvons ici, sous la plume de Freud, une apologie de la science et de son lent développement ; une belle page en vérité :
« Ne sommes-nous pas tous dans lerreur en fondant nos jugements sur des laps de temps trop courts ? Nous devrions prendre exemple sur les géologues. () Les transformations des opinions scientifiques sont un développement, un progrès et non un bouleversement. Une loi que lon a dabord tenue pour inconditionnellement valable, savère le cas particulier dune légalité plus vaste, ou se trouve limitée par une autre loi que lon ne découvre que plus tard ; une approche grossière de la vérité est remplacée par une approche plus soigneusement adaptée qui, de son côté, attend un perfectionnement ultérieur. Dans divers domaines, il y a une phase de la recherche qui na pas encore été surmontée () ; dans dautres domaines, il y a déjà un noyau de connaissance assuré » (62).
Or, la psychanalyse fait partie du domaine de la science à explorer :
« Notre appareil psychique est lui-même une part constitutive de ce monde que nous devons explorer, et il permet fort bien cette exploration » (63).
Ainsi, les espoirs de la science se réaliseront peu à peu, mais l’illusion de la religion n’a aucun avenir.
Et Freud de conclure :
« Non, notre science nest pas une illusion. Mais ce serait une illusion de croire que nous pourrions trouver ailleurs ce quelle ne peut nous donner ». (64).
 
Et voici l’enfant que je suis, qui demande : « Mais doù vient cette faculté humaine de pouvoir étudier le monde ? Qui a créé son prodigieux cerveau ? Et doù vient le monde lui-même, objet de la science humaine ? Qui est lhorloger de ces rouages ? »
Il y a, sans doute encore un autre ordre de choses que Freud, contrairement à Jung, n’a pas voulu prendre en compte, parce que ce domaine est trop inaccessible à la science… pour le moment.
« La dernière démarche de la raison est de reconnaître quil y a une infinité de choses qui la surpassent » écrit l’auteur des Pensées (65), homme de science, lui-aussi.
 
D.V.
 
N O T E S
 
( 1 ) S. Freud, L’Avenir d’une illusion. Traduction française de Dorian Astor. (Paris, éditions Flammarion, 2011). Ici : chapitre I, page 79.
 
( 2 ) p. 80.
 
( 3 ) p. 81.
 
( 4 ) p. 88. Dans la famille primitive, le père dominateur est tué par les fils, dans le but de s’approprier la mère  (c’est le fameux « Complexe d’Œdipe » freudien) : le père est dépecé et mangé par les fils, afin de consommer l’identification au père. Ils en concevront un remords et un sentiment de culpabilité qui ne s’éteindront jamais, et qui seront à l’origine de l’interdiction de l’inceste : S.Freud , Totem et Tabou (1913). Traduction française de Dorian Astor (Paris, éditions Flammarion, 2015), p. 247.
 
( 5 ) L’Avenir…, op. cit. p. 83.
 
( 6 ) p. 85.
 
( 7 ) chap. II, p. 88.
 
( 8 ) Freud n’illustre que rarement ses propos. Pour notre part, nous dirions, par exemple, que le cannibalisme a été transformé en alimentation carnivore.
 
( 9 ) p. 89.
 
( 10 ) p. 90.
 
( 11 ) p. 91.
 
( 12 ) p. 91.
 
( 13 ) p. 92.
 
( 14 ) p. 94.
 
( 15 ) p. 95.
 
( 16 ) La Voix… n° 40, juin 2022, p. 2.
 
( 17 ) p. 99.
 
( 18 ) La divinisation des forces de la nature conduit à se créer plusieurs dieux correspondant à ces forces. L’homme passe donc au polythéisme après avoir connu un seul dieu : son père, lorsqu’il était enfant. Ainsi, la référence existentielle monothéiste serait, pour lhomme, plus originelle et fondamentale que le pluralisme ethnique. Au sein du polythéisme de certaines ethnies, l’individu conserve toujours la référence expérimentale au seul dieu père qu’il a connu. C’est là une remarque que l’on pourrait faire à Freud.
 
( 19 ) « La vie après la mort, qui prolonge notre vie terrestre comme la partie invisible du spectreapporte le plein accomplissement qui nous a peut-être manqué ici-bas » écrit Freud, à la page 102.
 
( 20 ) Voir ci-dessus, note 19.
 
( 21 ) La divinité maternelle dans la Bible : Ps 131/2 ; Sir 4/11 ; Is 66/12,13.
 
( 22 ) Les femmes juges, prophétesses et guerrières : Marie (Ex 15/20) ; Déborah ( Jg 4/4 :   « Dans ce temps-là Debora, prophétesse, était juge en Israël » ;  Jg 5/7 : « Les chefs étaient sans force en Israël, quand je me suis levée, moi, Débora, quand je me suis levée comme une mère en Israël ») ; Yaël (Jg 4/17) ; Hulda (2 R 22/14 ss) ; Noadia (Néh 6/14).
 
( 23 ) p. 107.
 
( 24 ) La Voix… n° 40, juin 2022, p. 5 et note 33.
Il est rare que les grands penseurs, dans l’ ensemble de leur oeuvre, aient été conséquents avec eux-mêmes.
 
( 25 ) Totem et Tabou, op. cit. p. 208. Nous exposerons le mois prochain ce fameux écrit et essayerons de savoir pourquoi un animal, et quel rapport l’interdit d’inceste pouvait avoir avec une morale issue de la vénération de ce totem-là.
 
( 26 ) L’Avenir…, op. cit. p. 110.
 
( 27 ) p. 110.
 
( 28 ) p. 110.
 
( 29 ) p. 110.
 
( 30 ) p. 114.
 
( 31 ) En 1898, Eberhard Nestle (1851-1913), publiait le texte grec du Nouveau Testament en se servant des résultats de la recherche archéologique du XIXe siècle, et des manuscrits et papyrus les plus anciens, dont le papyrus Rylands 457 (IIe siècle), Magdalenian (IIe s.), Bodmer 2 (IIe-IIIe s.), Bodmer 7, 8 (IIIe s.), Oxyrhynchus 1228 (IIIe s.), Michigan 1570 et 6652 (IIIe s.), Chester Beatty (IIIe s.), Sinaïticus (IVe s. ), Vaticanus (IVe s.), Alexandrinus (Ve s.), Ephraemi (Ve s.), Bezae Cantabrigiensis (Ve-VIe s.), pour les plus anciens.
Cette édition critique faisait état des variantes, adjonctions et suppressions que révélait la comparaison entre les différents manuscrits, et s’inspirait des travaux scientifiques contemporains de Constantin Tischendorf (1869, 1872), et des Anglais B.F.Westcott et F.J. Hort (1881).
Les travaux avaient en particulier mis en évidence quelles étaient les très rares paroles réellement prononcées par Jésus de Nazareth : les Logia, et quelles étaient celles qui avaient été ajoutées par les rédacteurs, ce qui enlevait à la plupart des discours de Jésus leur authenticité. De même, tous les ajouts et arrangements rédactionnels concernant les scènes évangéliques étaient mis au jour, ce qui ôtait définitivement aux évangiles tout caractère historique.
Avec Johannes Weiss (1863-1914) et Rudolf Bultmann (1884-1976), l’étude de la formation des écrits bibliques a continué à se développer dans la première moitié du XXe siècle au sein de l’université de Tübingen, où Eberhard Nestle avait été professeur. Ce groupe de recherche a pris le nom de Formgeschichtliche Schule : lEcole de la formation du texte biblique.
Evidemment, le fondement de la Sola Scriptura protestante en a été ébranlé, tandis que le catholicisme a conservé au moins le pilier de la Tradition.
Ce courant a été appelé la démythologisation, car il révélait le fondement légendaire ou mythique de la foi religieuse avec, par exemple, la distinction entre le Jésus de lhistoire et le Christ de la foi, ce qui ôtait tout fondement historique au dogme de l’Incarnation et détruisait par là-même l’orthodoxie chrétienne. Comment se sort le Judaïsme de la critique textuelle, qui s’est étendue à l’ensemble des écrits bibliques, est une question que nous posons et qu’il serait intéressant d’étudier.
R. Bultmann : Die Geschichte der synoptischen Tradition (1921, 1931) (LHistoire de la Tradition synoptique). Neues Testament und Mythologie (1941) (Le Nouveau Testament et la Mythologie). Theologie des Neuen Testaments (1948, 1953) (Théologie du Nouveau Testament).
Johannes Weiss : Jesus von Nazareth. Mythus oder Geschichte ? (1910) (Jésus de Nazareth: Mythe ou Histoire ?)
 
( 32 ) p. 116-117.
 
( 33 ) p. 117.
 
( 34 ) C’est le pari de Pascal : on peut tout gagner en croyant, et on n’a rien perdu si on s’est trompé : « Si vous gagnez, vous gagnez tout ; si vous perdez, vous ne perdrez rien ». Blaise Pascal, Pensées (Edition Brunschvicg, Garnier Frères, 1961), n° 233, p. 136. Freud ne cite pas le grand philosophe.
 
( 35 ) p. 120.
 
( 36 ) p. 121.
 
( 37 ) p. 124.
 
( 38 ) Le pasteur Oskar Pfister : cet adversaire de Freud avait écrit après la parution de L’Avenir d’une Illusion, un article dans la revue Imago intitulé : L’Illusion d’un avenir (1928), autrement dit l’illusion d’un avenir pour les idées de Freud ; Pfister sert d’avocat du diable dans l’ouvrage présent.
 
( 39 ) p. 131.
 
( 40 ) p. 131.
 
( 41 ) p. 133.
 
( 42 ) Karl-Gustav Jung  (1875 – 1961), médecin psychiatre de nationalité suisse, professeur à la chaire de Psychiatrie de l’université de Zurich (dès 1905), a contribué avec Freud à la fondation de la Psychanalyse, mais s’est rapidement distingué de lui, dès sa thèse de doctorat (19O3), par l’importance qu’il donnait à la parapsychologie, aux sciences occultes (spiritisme, somnambulisme, médiumnité, astrologie, chiromancie) et à l’ hypnose. Il reprochait à Freud d’ignorer les mystères non élucidés de la science, notamment la foi religieuse et la mystique. Il donnait au sentiment religieux, et aussi à la Confession catholique, une grande importance en psychanalyse. La rupture entre Freud et Jung a été totale.
 
( 43 ) p. 134.
 
( 44 ) p. 134.
 
( 45 ) p. 136.
 
( 46 ) p. 137.
 
( 47 ) p. 138.
 
( 48 ) p. 141.
 
( 49 ) Dans son livre : Propos d’actualité sur la Guerre et sur la Mort (1915), Freud pense que la guerre est l’extériorisation de ce conflit intérieur et soulage l’individu ou la société en se projetant dehors. La remontée à la conscience d’une névrose, sous la forme de guerre ou de conflits, est un exutoire salutaire : elle apporte la guérison. Voir : La Voix… n° 39, mai 2022, p. 2, 5.
 
( 50 ) Cf. La Voix… n° 39, mai 2022, p. 4, et note 11, p. 6 ; et n° 40, juin 2022, p. 8 : le sentiment inconscient de culpabilité pousse aussi bien l’individu que les peuples à lautopunition.
 
( 51 ) Freud l’appelle « le travail rationnel de lesprit », c'est-à-dire la remontée à la compréhension, p. 146.
 
( 52 ) p. 149.
 
( 53 ) p. 149-150.
 
( 54 ) p. 150.
 
( 55 ) Evidemment, on pourrait objecter à Freud qu’il en est de même pour le calcul et la grammaire !
 
( 56 ) p. 150.
 
( 57 ) p. 153.
 
( 58 ) p. 153. Freud écrit cela en 1927. Cent ans plus tard, la société pense qu’elle doit revenir en arrière parce qu’elle est prise au piège de la science et du progrès.
 
( 59 ) p. 154.
 
( 60 ) p. 158.
 
( 61 ) p. 160.
 
( 62 ) p. 162.
 
( 63 ) p. 163.
 
( 64 ) p. 163.
 
( 65 ) Blaise Pascal, op. cit., n° 267, p. 145.
 
 
LA PHRASE DU MOIS :
 
« Lintellect parle à voix basse, mais il na de repos quon ne lui ait prêté loreille. A la fin, après dinnombrables refus réitérés, il trouve cependant à se faire entendre. Cest lun des rares points sur lesquels on peut être optimiste pour lavenir de lhumanité »
 
(S. Freud, L’Avenir d’une Illusion, ch. X ).
 
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Dépôt légal : 3e trimestre 2022.