Musée du Chateau d'Argent

La Marseillaise

 
Château d’Argent
 
Réflexions
 

 

Mercredi 13 février 2O19 : les journaux annoncent que le gouvernement veut introduire le chant de la Marseillaise obligatoire dans les écoles.Ce chant est issu des guerres contre l’Autriche et la Prusse, dans les premières années de la Révolution de 1789. Il est devenu le chant national en 1795.
Il comporte sept strophes et un refrain.
Toutes les strophes, ainsi que le refrain sont des appels à la guerre et au massacre. Elles sont dirigées non seulement contre les puissances étrangères, mais aussi contre les royalistes et notamment les Vendéens.
Le style est celui du 18e siècle, difficilement compréhensible de nos jours, et d’une grandiloquence qui prête à sourire.
Nous transcrivons ici les sept strophes de cet hymne national : 

 

I -  Allons ! Enfants de la Patrie !
Le jour de gloire est arrivé !
Contre nous de la tyrannie,
L’étendard sanglant est levé (bis)
Entendez-vous dans les campagnes
Mugir ces féroces soldats ?
Ils viennent jusque dans vos bras
Egorger vos fils et vos compagnes !
 
Refrain : Aux armes, citoyens !
Formez vos bataillons !
Marchons, marchons,
Qu’un sang impur,
Abreuve nos sillons !
 
II - Que veut cette horde d’esclaves
De traîtres, de rois conjurés ?
Pour qui ces ignobles entraves
Ces fers dès longtemps préparés ? (bis)
Français ! pour nous, ah, quel outrage !
Quels transports il doit exciter !
C’est nous qu’on ose méditer
De rendre à l’antique esclavage !
 
III - Quoi ! Des cohortes étrangères
Feraient la loi dans nos foyers !
Quoi ! Des phalanges mercenaires
Terrasseraient nos fiers guerriers ! (bis)
Dieu ! Nos mains seraient enchaînées !
Nos fronts sous le joug se ploieraient
De vils despotes deviendraient
Les maîtres de nos destinées !
 
IV - Tremblez, tyrans et vous, perfides,
L’opprobre de tous les partis !
Tremblez ! Vos projets parricides
Vont enfin recevoir leur prix ! (bis)
Tout est soldat pour vous combattre.
S’ils tombent, nos jeunes héros,
La terre en produit de nouveaux
Contre vous tout prêts à se battre.
 
V - Français en guerriers magnanimes,
Portons ou retenons nos coups !
Epargnons ces tristes victimes
A regret, s’armant contre nous ! (bis)
Mais ce despote sanguinaire !
Mais ces complices de Bouillé !   1)
Tous ces tigres qui, sans pitié
Déchirent le sein de leur mère !
 
VI - Amour sacré de la Patrie
Conduis, soutiens nos bras vengeurs !
Liberté, liberté chérie,
Combats avec tes défenseurs ! (bis)
Sous nos drapeaux, que la victoire
Accoure à tes mâles accents !
Que tes ennemis expirants
Voient ton triomphe et notre gloire !
 
VII - Nous entrerons dans la carrière
Quand nos aînés n’y seront plus.
Nous y trouverons leur poussière
Et la trace de leurs vertus ! (bis)
Bien moins jaloux de leur survivre
Que de partager leur cercueil,
Nous aurons le sublime orgueil
De les venger ou de les suivre.
 

1)    (ndlr : Le marquis François-Claude de Bouillé avait participé à la fuite de Louis XVI, les 2O et 21 juin 1791).

Il faudrait de longues explications historiques et linguistiques pour que les enfants des écoles comprennent quelque chose à ce chant.
Mais surtout, cet hymne est à proscrire parce qu’il incite la jeunesse à la haine, à la violence, à la discrimination, à la paranoïa collective. Voir des ennemis partout, lever un étendard sanglant, prendre les armes, répandre le sang jusqu’à ce que la terre en soit abreuvée, faire couler le sang impur (mais quel sang impur ? Les nazis parlaient du sang impur des juifs et des étrangers à leur race), suivre l’exemple de la guerre entre les peuples : tout cela ne s’accorde plus avec nos efforts de paix , de concorde, de tolérance, de compréhension de l’autre, de construction européenne. 
Je m’élève donc solennellement contre ce chant et je demande qu’il soit supprimé en tant qu’hymne national. Je m’oppose encore davantage au projet de l’introduire dans les écoles, là où des enfants influençables en seront marqués à vie, et deviendront les va-t-en guerre, les antisémites, les racistes, les intolérants du futur, pourrissant la société et la fraternité. 

Danielle Vincent.

Ste Marie-aux-Mines, 13 février 2O19.