Musée du Chateau d'Argent

Journal janvier 2023

Mensuel du Château dArgent - N° 49 - Janvier 2023

 

Charles de Gaulle : Les Etats-Unis et la France. 

Nous consacrerons les prochains numéros de La Voix dans le Désert à la pensée du général de Gaulle. Elle n’a pas perdu de son actualité. Elle a été frappée de dérision durant plusieurs décennies. Elle est toujours incomprise parce qu’on a peur de la comprendre. Elle interpelle et les Français ne veulent pas se laisser mettre en question.
D’une profondeur et d’une lucidité rarement rencontrées chez d’autres penseurs, sans parler de la beauté de l’expression, cette pensée aurait dû attirer. Or, on est stupéfait de constater que les œuvres du général n’ont pas suscité la passion des historiens, encore moins du simple lecteur. J’ai trouvé, sur les rayons de certaines bibliothèques, des volumes de ses écrits qui n’avaient jamais été ouverts.
Son œuvre est considérable. Chaque ligne passionnante. A ses écrits de jeunesse : La discorde chez lennemi (1924), Le Fil de lépée (1932), Vers larmée de métier (1934), La France et son armée (1938), ont succédé les Mémoires de Guerre en trois volumes, ainsi que les Discours et messages depuis 1940, en cinq volumes dans l’édition Plon de 1970. En 1970, à peine trois semaines avant sa mort, paraissait le premier tome des Mémoires despoir, toujours chez Plon, le second tome étant pour mars 1971.
C’est peut-être l’accumulation des idées, la diversité des thèmes traités, le mélange de problèmes à résoudre, qui ont découragé le lecteur de base.
Alors, pour exposer cette pensée, nous procèderons par thèmes. Et nous choisirons de préférence les sujets qui pourront éclairer les problèmes de l’actualité.
Ils sont nombreux. Mentionnons les rapports internationaux ; le problème, en France, des partis ; la situation économique, l’industrie, l’agriculture ; le prolétariat ; le gouvernement ; la création d’un Rassemblement national ou RPF ; le thème de l’Afrique et de la colonisation ; l’Algérie ; le problème moral et religieux.
 
Le thème soulevé aujourd’hui par la situation internationale s’impose en priorité. En 1945 déjà, la France et l’Europe étaient prises en étau par les deux grandes puissances : les Etats-Unis et la Russie. Un problème qui n’a pas perdu de son actualité.
 
Le fils du général de Gaulle, l’amiral Philippe de Gaulle, nous en donne une vue d’ensemble dans son livre passionnant : De Gaulle, mon père , paru aux éditions Plon en 2003.
Nous complèterons et illustrerons ses affirmations par des extraits des oeuvres du général lui-même.
 
« Au lendemain de la guerre, il ny avait pas de personnage plus insulté que moi en France. Toute la presse, toute la bourgeoisie, toute laristocratie et, il faut le dire, une grande partie du peuple, sinon la quasi-totalité, menvoyaient aux gémonies » ( 1 )
Cette haine s’étendait au-delà de la France. Les Anglais s’étaient toujours méfiés de de Gaulle. Churchill voulait l’envoyer dans une île ou l’enfermer dans la Tour de Londres ( 2 ) « Le double-jeu des Anglais a été presque permanent pendant toute la guerre » ( 3 ). C’était aussi un double-jeu avec Vichy, avait déclaré le général ( 4 ).
Le président des Etats-Unis, Roosevelt, lui était également hostile. « Sil est un fait historique que les Français méconnaissent dans les détails, cest le combat incessant que le général a dû mener tout au long de la guerre contre ceux qui auraient dû, au contraire, ne jamais cesser de laider » ( 5 ).
Roosevelt et les Américaine reprochaient à la France d’avoir capitulé jusqu’à ne même plus exister. Le général de Gaulle ne leur inspirait que du mépris par son illusion de pouvoir s’opposer au cours des choses. Mais ils connaissaient mal la France et « nous considéraient toujours à travers le prisme britannique » ( 6 ).
Mais ceci était réciproque : le général connaissait mal la mentalité américaine ( 7 ).
Ce sur quoi il n’a jamais varié, c’était de dire que les autres, en l’occurrence les Américains n’ont pas à décider pour la France : « Il nétait pas plus inféodé aux Etats-Unis quil ne létait à la Grande-Bretagne » ( 8 ). De Gaulle n’a pas accepté d’être la marionnette des Américains, même si la propagande de Vichy faisait circuler cette image ; il se méfiait de l’instinct de puissance des Etats-Unis ( 9 ).
Dans ses Mémoires de Guerre, il expose « le vaste plan que jai formé pour mon pays : lui assurer la sécurité en Europe occidentale, en empêchant qu »un nouveau Reich puisse encore la menacer ; collaborer avec lOuest et lEst, au besoin contracter dun côté ou bien de lautre les alliances nécessaires, sans accepter jamais aucune espèce de dépendance » ( 10 ).
Dans le livre de Philippe de Gaulle, il y a des choses que l’on n’aime pas forcément entendre.
Par exemple, que des personnages célèbres, des Français ayant fui en Amérique, étaient en fait des ennemis du général : Saint John Perse (ou Alexis de Saint-Léger) ; l’avocat René de Chambrun, gendre de Laval, plus tard prix Nobel de littérature, qui avait le projet de mettre en place une administration américaine pour la France ; Jules Romains ; Henri de Kérilis, patron de l’Echo de Paris ; l’éditorialiste André Géraud, alias Pertinax ; Paul Morand ; Henry Bernstein ; Antoine de Saint-Exupéry, propagandiste de Vichy et qui n’a jamais cru en de Gaulle ; Jean Monnet « qui était avant tout lhomme des Américains. Vers la fin, mon père le considérait comme un véritable agent des Etats-Unis, rétribué par eux à la commande ». Monnet pensait que la France « serait fondue dans une espèce densemble international, sous légide des Etats-Unis » ( 11 ) ; il y avait aussi le général Giraud, qui travaillait à Alger pour le compte des Américains. ( 12 ).
De Gaulle croyait que les Français exilés aux Etats-Unis avaient influencé négativement Roosevelt contre lui.
 
Le projet de Roosevelt était, de concert avec les Anglais, d’occuper la France après la Libération et de se débarrasser du général de Gaulle en l’envoyant comme gouverneur à Madagascar. Le général le savait dès le début. Cétait le projet AMGOT (Allied Military Organization of occupied Territories). Il s’apprêtait à dissoudre le gouvernement provisoire présidé par de Gaulle et prévoyait que l’administration militaire serait aux mains des Alliés.
Un Etat appelé «Wallonie » serait créé, avec une partie nord de la France, ainsi qu’avec l’Alsace et la Lorraine. Il était question aussi de remplacer la monnaie française par une monnaie d’occupation. « Les Français, disait de Gaulle, ont failli subir une deuxième occupation, avant den subir peut-être une troisième, celle des marxistes » ( 13 ).
 
Et puis, évidemment, il y a eu la question des accords de Yalta . La France n’y avait pas été invitée. Les Alliés estimaient qu’elle n’existait plus. De Gaulle était persuadé que ce n’était pas Staline qui l’avait évincée - Staline avait une certaine admiration pour de Gaulle – mais bien Churchill et Roosevelt, qui s’apprêtaient à découper et administrer notre pays. Le général s’était reproché « davoir été obligé, par son absence, de laisser lAmérique et la Russie décider du sort de lEurope » ( 14 ).
Churchill s’était inféodé à l’Amérique : « Il était prêt à tout concéder aux Américains en échange dune aide colossale » ( 15 ).
L’Histoire se répète parfois : on retrouve, semble-t-il, la même servilité actuellement chez le président ukrainien et c’est ce qui, justement, alarme la Russie.
En réponse à l’humiliation subie lors des accords de Yalta, mais aussi parce que Roosevelt avait décliné l’invitation du général à Paris, en novembre 1944, de Gaulle refusa de rencontrer Roosevelt à Alger, ce qui lui a été reproché par la classe politique française. Il constatait que celle-ci donnait toujours raison à l’étranger contre la France et s’en remettait aux autres pour résoudre ses problèmes, qu’ils fussent Allemands, Anglais ou Américains.
 
Le général de Gaulle s’entendait mieux avec le successeur de Roosevelt : Harry Truman. Mais il lui reprochait, comme à tous les Américains, d’avoir une vue erronée de l’Europe et de sa situation. ( 16 ).
Ce qu’écrit Philippe de Gaulle, est corroboré et complété par les discours et déclarations du général Ils sont précieux en ce sens qu’ils saisissent et commentent les situations séance tenante, sans la distance du temps qui modifie la vision du passé.
Tout est résumé dans le discours qu’il tient à Strasbourg le 6 avril 1947, en présence de l’ambassadeur des Etats-Unis, pour l’inauguration d’un monument à la mémoire des soldats américains tombés en Alsace :
« Cest un fait que cette jeune nation (les Etats-Unis, ndlr) comme notre vieux pays, ont montré non seulement lamour de leur propre liberté, mais encore le respect de celle des autres » ( 17 ).
 
De Gaulle devine que ces deux masses énormes : l’Amérique et la Russie, « sont toutes deux portées à lexpansion. () Dans pareille situation, placés là où nous le sommes, le maintien de notre indépendance devient pour nous un problème brûlant et capital » ( 18 ).
Les phrases d’un discours prononcé à Lille, le 29 juin 1947, semblent nous mettre en garde contre la situation que nous vivons actuellement, soixante-quinze ans après :
« Les Etats-Unis, débordants de ressources et de capacités, inspirés par un idéal ardent de liberté et de démocratie, ayant découvert pendant la dernière guerre les fondements et les avantages de la force militaire, détenant à lheure quil est des moyens de destruction terribles, salarment du caractère quils pensent voir à lexpansion russe. De là, entre les deux masses,, une rivalité qui se déploie, au risque de conduire, tôt ou tard, à un conflit gigantesque, auquel nul peuple et nul homme sur la terre ne seraient, cette fois, soustraits » ( 19 ).
Alors que les Russes et le Parti communiste voient dans le Plan Marshall une tentative d’encerclement de l’URSS, et une manière de réduire les états au rang de « valets de limpérialisme américain » ( 20 ), de Gaulle , comme nous l’avons vu, y est favorable :
« Personne ne sest trompé sur la très vaste portée de la proposition qua faite le général Marshall : non seulement le Gouvernement des Etats-Unis manifeste sa résolution dapporter son concours direct à lEurope dans le domaine de sa reconstruction et de son développement économique, mais encore il linvite à se constituer, à cet égard, en un tout, et à établir un plan commun à tous les états qui veulent sunir pour se relever. Il y a là une initiative clairvoyante et dont on peut espérer quelle sera féconde, précisément parce quelle engage lEurope à la solidarité » ( 21 ).
 
C’est à Yalta, où la France a été évincée, que surgit le point névralgique entre de Gaulle et les Etats-Unis. Cette rencontre a mis en évidence une menace contre l’indépendance et le respect des droits de la France.  Le Président Roosevelt ne voyait pas les choses de la même façon que de Gaulle :
« Nous ne pouvions pas admettre que la France fût écartée dun pareil règlement qui intéressait lEurope tout entière et par conséquent la France » ( 22 ).
En 1948, quelques mois plus tard, commence à s’éveiller en lui une méfiance contre la dépendance dans laquelle les Etats-Unis pourraient maintenir l’Europe et la France, par une conséquence funeste du plan Marshall :
« Dans les accords à conclure entre les deux côtés de lAtlantique, il doit absolument sagir de coopération et non point de dépendance, sous peine de tout compromettre pour le malheur général » ( 23 ).
 
Le souci d’indépendance vis-à-vis des Etats-Unis revient ensuite sans arrêt comme une sonnette d’alarme ( 24 ). Les dispositions prévues à Yalta peuvent créer en Europe « une situation telle que la France se trouverait placée en état de danger permanent sans pouvoir compter en temps voulu sur laide efficace de personne » ( 25 ).
Il refuse donc, comme il l’a toujours fait, de sacrifier l’intérêt de la France aux conceptions étrangères ( 26 ).
De Gaulle craint surtout que les Etats-Unis cherchent à « rebâtir le Reich (allemand, ndlr) aussitôt après lavoir abattu, afin de lui transmettre une large part des responsabilités de lEurope » ( 27 ). Les Russes - le savait-on ? - le veulent aussi : « De leur côté les Russes veulent que le Reich se refasse, puisque leur thèse publique est que toute occupation doit cesser (ils parlent dun an), et quil faut que reparaisse une Allemagne avec un seul gouvernement » ( 28 ).
Dans cette même conférence, son inquiétude revient quant aux conséquences du Plan Marshall pour l’indépendance de la France et de l’Europe :
« Nous avons vécu bien des siècles sans le Plan Marshall. Ce nest pas moi, naturellement, qui irai mopposer à son exécution. Je lai acclamé quand on nous la offert et je crois quil peut être dune utilité immense pour lEurope et pour la France, mais à une condition : cest quil ne nous amène pas, pour les commodités du moment, à sacrifier tout lavenir du pays et celui de lEurope » ( 29 ).
 
De Gaulle ne changera plus de position à l’égard des Etats-Unis. L’amitié et la coopération transatlantiques, quand elles deviennent asservissantes, sont à ses yeux des menaces pour l’indépendance de notre pays : on peut lire encore, en 1950, lors d’un discours prononcé à Paris le 11 février : « Certes, il faut que sorganise la solidarité de lOccident, et la France doit y participer. Mais non pas comme une dépendance. Nous approuvons le principe de laide Marshall, parce quil est bon que notre pays, qui est ruiné, reçoive de lAmérique un concours économique. Nous approuvons le principe du Pacte Atlantique, parce quil est naturel que lAmérique veuille nous aider si nous sommes attaqués Nous comptons bien – et les Etats-Unis aussi – que leur appui dans le présent nous permettra dans lavenir de leur être à notre tour utiles ( ! ndlr). Bref, nous tenons à avoir les Américains comme amis et comme alliés. Mais à la condition que la France reste active et indépendante » ( 30 ).
 
Une réflexion qu’il serait bon de développer actuellement, quand on voit un président ukrainien se livrer pieds et poings liés aux Etats-Unis pour en obtenir des centaines de milliards de dollars, et un armement capable d’écraser l’armée du frère russe. Quel en sera le prix ?
 
D.V.
 
N O T E S :
 
( 1 ) Philippe de Gaulle, op.cit. p. 226.
 
( 2 ) p. 172.
 
( 3 ) p. 206.
 
( 4 ) p. 246.
 
( 5 ) p. 252.
 
( 6 ) p. 254.
 
( 7 ) p. 255.
 
( 8 ) p. 257.
 
( 9 ) p. 257.
 
( 10 ) Charles de Gaulle : Mémoires de Guerre, éd. Plon, 1959, tome III, p. 179.
 
( 11 ) Philippe de Gaulle, op.cit. p 260 – 261.
 
( 12 ) Pour la biographie des personnages suivants, nous nous inspirons de Wikipédia : 
Alexis Léger, dit Saint John Perse  (1887 – 1975), poète, écrivain et diplomate français, prix Nobel de littérature en 1960, directeur de Cabinet d’Aristide Briand en 1925, secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, ambassadeur de France jusqu’en 1940. Germanophile, il était l’un des principaux auteurs des accords de Locarno (1925) et plaidait « pour une conciliation franco-allemande pour assurer la sécurité de la France et de l’Europe » (Wikipédia). La Société des Nations l’avait chargé, en 1929, d’un Memorandum sur l’organisation d’un régime d’union fédérale européenne. En 1940, Paul Reynaud le démit de ses fonctions : il était en effet soupçonné de complaisance avec le régime hitlérien. Rejoignant Londres, le 16 juin 1940, il ne put cependant s’entendre avec le général de Gaulle dont il contestait la légitimité. Vichy le déchut de sa nationalité et le radia de l’ordre de la Légion d’Honneur. Alexis léger s’exila alors aux Etats-Unis, « comme de nombreux intellectuels français » (Wikipédia).
 
René de Chambrun  (1906 – 2002). Avocat à la Cour d’Appel de Paris et au Barreau de New-York, il avait épousé en 1935 Josée Laval, fille unique de Pierre Laval et Jeanne Claussat, qui était la fille du député-maire de Châteldon. Après la guerre, il s’était caché  mais n’a pas été inquiété. Il a pris la défense de Pierre Laval dans plusieurs ouvrages à sa mémoire, dont : Pierre Laval devant lHistoire (Paris, éd. France-Empire, 1983). Personnage douteux, il mena grand train toute sa vie, avait de luxueuses résidences, des activités étendues et de brillantes fréquentations.
 
Louis Farigoule, dit Jules Romains  (1885 – 1972), écrivain, philosophe, poète et dramaturge français, rédigea en 27 volumes : Les Hommes de bonne volonté (1932 à 1946), et fut admis à l‘Académie française en 1946. Entre 1935 et 1939 il participa au Comité France-Allemagne, qui était animé par Otto Abetz et Fernand de Brinon, et adhéra à la ligue internationale des Combattants pour la Paix. Au mieux avec les personnalités nazies, il essaya de travailler au rapprochement franco-allemand, « consternant de naïveté et d’angélisme face à l’Allemagne nazie » (Wikipédia). Il s’exila aux Etats-Unis puis au Mexique pendant la 2e guerre mondiale, et fut élu à l’Académie française en 1946.
 
Henri de Kérilis  (1889 – 1956), fils d’amiral, il s’engage dans la Cavalerie en 1914, puis dans l’Aviation, et bombardera notamment un cirque de la ville de Karlsruhe, tuant de nombreux enfants, massacre que l’opinion publique lui a reproché. Il est journaliste à l’Echo de Paris après la première guerre mondiale, et élu député de Neuilly sur Seine en 1936, dans le groupe Indépendants Républicains, présidé par Georges Mandel. Il vote contre les accords de Munich (octobre 1938). En juin 1940 il est à Londres auprès du général de Gaulle, mais le quitte et s’en va à New-York où il publie un ouvrage sur l’Occupation : Français, voici la vérité (1942). Il fait l’éloge du Général et de la Résistance, critique le maréchal Pétain, qui le déchoit de la nationalité française et le condamne à mort. Mais, dans le conflit entre de Gaulle et Giraud, il prend parti pour ce dernier et écrit que « la concentration des pouvoirs civils et militaires entre les mains du Général, est contraire aux principes démocratiques », ce qui amène une rupture avec de Gaulle et une haine féroce, encore accrue par l’exécution de son fils, Alain Kérilis, par les Allemands et la Milice française. Le père met en cause la responsabilité de de Gaulle dans cette exécution et écrit un livre : De Gaulle, dictateur, en 1948, tout en restant aux Etats-Unis.
 
André Géraud, alias Pertinax   (1882 - 1974), journaliste et écrivain français, collaborateur de France-Soir après la guerre. Nationaliste, il combattait tous les régimes fascistes. Il s’est exilé à New-York pendant l’Occupation et écrivit en 1943 : Les Fossoyeurs, défaite militaire de la France, ouvrage de référence pour connaître les événements des années 1930.
 
Paul Morand  (1888 – 1976), personnage trouble, écrivain, diplomate et académicien français, également antisémite, collaborationniste et ambassadeur de Vichy, il était membre de cabinet Laval en 1942. De Gaulle s’opposera à son élection à l’Académie française après la guerre.
 
Henry Bernstein  ( 1876 – 1963), dramaturge de boulevard et metteur en scène, il s’est exilé aux Etats-Unis durant la seconde guerre mondiale. Opposé à Pétain qu’il taxait de défaitiste, il a été déchu de la nationalité française dès 1941.
 
Antoine de Saint-Exupéry  (1900 – 1944), né dans une famille de la noblesse française, il s’oriente vers les beaux-arts et l’architecture après un échec au concours de l’Ecole navale. Devenu pilote durant son service militaire en 1922, il est engagé quatre ans plus tard par la société Latécoère, future Aéropostale. Il transporte le courrier de Toulouse au Sénégal puis en Amérique du sud (1929). Journaliste, il entreprend de grands reportages : en Indochine (1934), à Moscou (1935), en Espagne (1936). En même temps, il écrit des livres : Courrier Sud (1929), Vol de Nuit (1931, Prix Femina), Terre des Hommes (1939, Grand prix du roman de l’Académie française), Le Petit Prince (1943, à New-York). Soutenant la Résistance, il revient en France en 1944 et est chargé de reconnaissance photographique en vue du débarquement en Provence. C’est alors qu’il disparaît en Méditerranée, à bord d’un Lockheed P 38 Lightning, le 31 juillet 1944.
 
Jean Monnet  (1888 – 1979) : haut-fonctionnaire français, banquier international, promoteur de l’atlantisme et du libre-échange, il est considéré comme l’un des « pères de l’Europe ». Il a été le premier commissaire de Plan Marshall, de 1946 à 1952. « Citoyen d’honneur de l’Europe », il est inhumé au Panthéon (1988).
 
Général Giraud  (1879 – 1949) : général d’armée à partir de 1936, actif dans la lutte contre l’Allemagne nazie mais sans lien avec la France libre, il est soutenu par les Américains et dirige les forces alliées françaises en rivalité avec de Gaulle. Après le débarquement allié en Afrique (novembre 1942), il est à la tête du Haut-commissariat de la France pour l’Afrique et a sous ses ordres l’Armée d’Afrique engagée avec les Alliés contre l’Allemagne et l’Italie. En Afrique du nord, il applique la politique antisémite de Vichy, avec l’abolition du Décret Crémieux et la création d’un statut des Juifs. Le décret Crémieux de 1870, attribuait d’office la citoyenneté française aux Juifs d’Algérie, et naturalisait les Musulmans et étrangers résidant en Algérie, dès l’âge de 21 ans et sur leur demande. La politique antisémite de Giraud a fait de l’ombre à son action dans les organisations de résistance. Il a dirigé en effet des organisations résistantes qui ne s’étaient pas mises sous l’autorité de de Gaulle (réseau Alliance, Organisation de résistance de l’Armée ou ORA). Sous la pression des Alliés, de Gaulle et Giraud, pourtant rivaux, sont obligés de présider ensemble le Comité français de Libération nationale , de juin à novembre 1943, mais Giraud est progressivement évincé par de Gaulle. Après la guerre, Giraud a été député de la Moselle et a siégé au Conseil supérieure de la Guerre jusqu’en 1948.
 
( 13 ) p. 267.
Le projet AMGOT  ou « Gouvernement militaire allié des territoires occupés »  (Allied Military Government of the Occupied Territories), « était un plan défini par les Etats-Unis qui visait à imposer dans les pays libérés de l’occupant nazi, un gouvernement militaire allié, comme transition pour un retour à la Démocratie » (Wikipédia). De Gaulle réussit à éviter cet empiètement étranger par la création de son gouvernement provisoire. Le gouvernement AMGOT aurait été constitué par des officiers américains et britanniques. Il avait étendu l’influence américaine dans les pays occupés. En France, il était prévu pour une durée d’un an, avec un effectif de 1.500 hommes, visant à contrôler l’Etat et les structures économiques du pays (Wikipédia). De Gaulle s’y est opposé vigoureusement. L’AMGOT a pourtant été réalisé ailleurs : en Norvège, aux Pays-Bas, au Luxembourg, en Belgique, au Danemark, ainsi qu’en Italie, Sicile et en Algérie.
 
( 14 ) p. 268.
 
( 15 ) p. 269.
 
( 16 ) p. 407.
 
( 17 ) Charles de Gaulle : Discours et Messages, éd. Plon 1970, tome III : février 1946 –
avril 1958.
 
( 18 ) Discours de Strasbourg, 7 avril 1947, op.cit. III, p. 55.
 
( 19 ) op.cit. III, p. 89.
 
( 20 ) op. cit. III, p. 101, note 1.
 
( 21 ) Allocution prononcée devant les membres de la presse anglo-américaine de Paris le
9 juillet 1947. op.cit. III, p. 94.
 
( 22 ) Conférence de presse du 12 novembre 1947, op.cit. III, p. 158 – 159.
 
( 23 ) Discours de Compiègne, 7 mars 1948, op.cit. III, p. 176.
 
( 24 ) op.cit. III, p. 181.
 
( 25 ) Déclaration du 9 juin 1948, op. cit. III, p. 192.
 
( 26 ) op.cit. III, p. 193.
 
( 27 ) op.cit. III, p. 192.
 
( 28 ) Conférence de presse du 17 novembre 1948, op.cit. III, p. 230.
 
( 29 ) ibid. p. 233.
 
( 30 ) Discours et messages, tome IV (1946 – 1958), p. 18. 
 
 
LA PHRASE DU MOIS : 
 
«  Le Président Roosevelt est mort. Je mourrai aussi, soyez tranquilles. Mais l’Histoire sera là pour trancher, car la carrière, jusqu’à la fin du monde, restera ouverte aux historiens ».
 
(Conférence de presse du 12 novembre 1947). 
 
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