Musée du Chateau d'Argent

Novembre 2018 - Philosophie

 

Château d’Argent
 
Formations continues - novembre 2O18 :  Philosophie 
 
 
Friedrich Nietzsche:   Also sprach Zarathoustra (Ainsi parlait Zarathoustra) (1883 - 1885 )
 
On attribue à un personnage mythique, Zoroastre, la fondation, au VIIe siècle avant notre ère,
en Asie, d’une religion appelée Mazdéisme. Elle lui aurait été révélée par le dieu Ormuzd ou Ahura-Mazda. Elle se répandit par les Mèdes en Iran et en Inde.
Il s’agit d’une religion dualiste, construite autour de deux principes antagonistes : le Bien et le Mal. Une morale rigoureuse en découle : la vie et le bonheur étant les conséquences du Bien ; le malheur et la mort étant issus du Mal. Ces principes ne seront pas sans influence, plus tard, sur la pensée biblique.
Le dieu du Bien, Ormuzd, est entouré de saints immortels qui sont ses serviteurs et ses messagers. Son antagoniste, dieu du Mal, est Ahriman.
 
Nietzsche se comprend comme le nouveau Zarathoustra enseignant à l’humanité une religion nouvelle où, cette fois, le Bien et le Mal , tels qu’ils sont compris par l’humanité actuelle, sont présentés comme d’anciennes valeurs qui doivent être transcendées. « Je suis cet homme prédestiné qui détermine les valeurs pour des millénaires » dit-il, en 1882, un an avant la parution de la première partie de son ouvrage. Visionnaire, Nietzsche prévoit, en effet, l’effondrement de toutes les valeurs et croyances qui ont soutenu l’humanité, et en particulier la pensée occidentale, jusqu’à présent.
La désespérance du nihilisme et de l’existentialisme va apparaître bientôt, à la faveur des révolutions et des guerres du XXe siècle. Cet effondrement sera, pour Nietzsche, le fond de la décadence de l’humanité.
 
Mais l’humanité décadente devra être surmontée. « L’homme se modifie encore, il est en plein devenir » (Notes et aphorismes, 191). L’humanité doit renaître.
Elle doit élaborer aussi une nouvelle idée de Dieu, l’ancienne devant mourir. L’idée de la mort de Dieu n’est que la mort d’une certaine idée de Dieu, chez Nietzsche et d’autres philosophes. (cf Danielle Fischer, La mort de Dieu. Conférence, Faculté de théologie protestante, Strasbourg, 1975).
 
Alors Zarathoustra, sur sa route de pèlerin, qui rappelle bien la vie errante que le philosophe menait depuis 1876, rencontre à chaque tournant d’autres messagers, qui lui font prendre conscience d’un autre aspect du nouvel ordre de choses qu’il veut instaurer. On ne peut s’empêcher de penser aux anges du dieu Ormuzd.
 
L’ouvrage se présente en quatre parties relatant poétiquement quatre-vingt rencontres et dialogues avec des personnages étranges. Les deux premières parties furent publiées en 1883, la troisième en 1884. Elles ne rencontrèrent que dédain et incompréhension, au point que pour la quatrième partie, Nietzsche ne trouva plus d’éditeur et l’imprima en quarante exemplaires à compte d’auteur, l’année suivante. Il avait mis une dizaine de jours pour la rédaction de chaque partie, et ce fut, dit-il, dans un état de suprême félicité et d’extrême souffrance à la fois.
 
Son livre avait été un échec complet.
« La pensée la plus forte a besoin de millénaires. Longtemps, longtemps, il faut qu’elle demeure petite et impuissante » prophétise-t-il dans les notes et aphorismes (246).
Mais peu avant la mort de Nietzsche, déjà, « Zarathoustra avait commencé de toucher des esprits et des cœurs, les atteignant plus profondément qu’aucune œuvre philosophique du XIXe siècle » écrit Henri Thomas dans sa préface à l’ouvrage.
 
 
Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra. Edition complète. Traduction de Maurice Betz. Présenté par Henri Thomas. ( Livre de poche, éditions Gallimard, 1963 ).
 
 
Danielle Vincent.

 

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